Brave Margaux… (ou quand le cocu tient la c

Anal

Brave Margaux… (ou quand le cocu tient la c
Je m’appelle Erwan.
A l’époque de cette histoire, j’avais 28 ans et ma compagne 26.

Mes parents ont eu la chance (si on peut parler de chance dans ces conditions) d’hériter d’une petite maison secondaire dans les contreforts des Corbières, à quelques minutes des côtes du Roussillon, de ses plages prisées comme Leucate, Argelès ou St Cyprien et de ses petites villes hautement touristiques comme Banyuls ou Collioure.
Oh, ce n’est pas une grande propriété comme on peut en voir de très belles dans l’arrière pays catalan, ce n’est qu’une petite fermette perdue dans la campagne, une vieille maison aux murs épais qui gardent la fraicheur à l’intérieur, même au plus chaud de l’été.
Elle est composée de deux belles pièces : Une grande cuisine à l’ancienne servant aussi de salle de séjour et une chambre où peuvent tenir aisément un lit double et un lit simple. Dans La cuisine, quelques mètres carrés ont été rognés pour installer une salle de douche digne de ce nom ainsi que des sanitaires.
Loin d’être un palace, donc, mais rénovée avec goût par mon père et idéalement placée pour des vacances au soleil à peu de frais.
Et quand on est un jeune couple sans le sou, se voir confier les clefs de ce petit paradis pour trois semaines, c’est une aubaine qu’on n’imagine pas renier.

Voilà pourquoi, nous nous trouvions là-bas, Margaux et moi, en ce début de mois d’août à la chaleur écrasante.
Margaux, c’était ma raison de vivre, mon étoile, mon soleil… ma passion !
Une fille superbe !
Une poupée super bien roulée d’un mètre soixante aux longs cheveux auburn, au regard bleu-vert intense, au sourire ravageur et dont le rire joyeux me chavirait immanquablement à chaque fois que je l’entendais.
Ca faisait trois ans qu’on filait le parfait amour et je ne m’étonnais encore qu’une fille aussi jolie se soit intéressée à moi au point de devenir ma compagne.
Non pas que je sois un parangon de laideur, loin s’en faut, mais je savais aussi être réaliste : Avant de rencontrer Margaux je n’avais pas eu un succès démentiel auprès des filles et mon physique que je qualifierais de quelconque n’y était sans doute pas étranger.
De plus, je n’ai jamais été un grand sportif et cela ne s’était pas arrangé depuis que j’étais avec Margaux.
Si bien qu’à mon grand désespoir, je commençais à voir pousser sur mes flans des petites poignées d’amour dont j’allais avoir le plus grand mal à me débarrasser.
Ca faisait rire Margaux. Elle disait que c’était sexy chez un homme.
Je ne vois pas ce que ces petits bourrelés disgracieux ont de « sexy » mais puisqu’elle le disait…
Et quelque part, était-ce de ma faute si elle nous préparait d’aussi bons petits plats ?
Mais promis : A la rentrée j’allais m’inscrire dans une salle de sport ! Juré craché !

Par ailleurs, si elle était avec moi, ce n’était pas non plus pour ma tchatche et mon charisme.
Je n’ai jamais été un Don Juan mais plutôt un grand timide qui, de temps en temps, essaye de se soigner. Alors je ne crois pas qu’elle m’ait remarqué pour mon aisance naturelle.

Enfin bon. Voilà.
Je n’étais pas du genre à me faire des nœuds au cerveau pour connaître le pourquoi du comment.
Je ne savais pas pourquoi Margaux avait atterri dans ma vie mais c’était comme ça et ça suffisait largement à mon bonheur.

*****

Qu’est-ce qu’on était bien là-bas ! Le déprimant « métro-boulot-dodo » nous semblait si loin.
On profitait à fond : On ne faisait rien et c’était génial !
D’ailleurs, rester à ressentir le temps qui passe lentement et à communier avec la nature, est-ce vraiment ne rien faire ?
Bah, en tout cas, c’était sacrément reposant.

On avait même renoué avec une habitude dont la routine nous avait insidieusement éloignés : Faire l’amour une fois par jour.
Et ça, les galipettes quotidiennes, ma petite femme, elle adorait !

Je dis : « ma femme » mais nous n’étions pas mariés. Nous trouvions cet engagement solennel si démodé et si illusoire qu’on n’en voyait pas l’utilité.
Même sans l’alliance et sans la cérémonie, elle était ma femme et moi son homme.
Il y a tellement de couples qui se marient sans s’aimer.
Nous, on s’aimait sans être mariés, un point c’est tout.

Alors, bien-sûr, on peut aussi se demander si la suite des évènements aurait été différente si nous avions été mariés.

C’est une bonne question.

A laquelle je n’ai pas de réponse.

Nous étions tous les deux en train de comater une méga sieste sous le grand tilleul qui avançait son ombre bienveillante sur la courette devant la maison lorsque le portable de Margaux sonna.
Ca ne risquait pas d’être le mien : Depuis qu’il avait consommé ses dernières réserves de batterie, je l’avais abandonné au fond d’un sac et ne comptais pas l’en sortir avant le retour sur la capitale.
C’était ça aussi les vacances.

Mais Margaux ne pouvait s’y résoudre : Même en vacances, elle avait des tonnes de copines et de copains à qui parler.
D’ailleurs, s’en était un exemplaire type :
« – Salut Fab’ ! Ca va ?… Non, tu ne me déranges pas du tout… »

Oh ben si, un peu quand-même.

« … mais bien-sûr, quelle question ! Ce serait trop bête de passer si près et de ne pas nous faire un petit coucou ! On se fera un petit truc à la bonne franquette. Vous arriverez quand ?… OK, pas de soucis ! Par contre, faut que je te donne les coordonnées GPS parce que c’est carrément paumé, ici. Vous pourriez tourner trois heures sans trouver ! … J’allume le GPS tout de suite et je t’envois un SMS dès que je les ai. »

Elle raccrocha et se leva d’un bond pour aller chercher l’appareil en question.
« – C’était Fabien. Il est en route pour l’Espagne avec Théo et Bastien. Il me demandait s’ils pouvaient passer ici ce soir pour nous faire un petit coucou. Ils arrivent pour 8 heures. »
« Ce serait bien qu’on range un peu et que tu ailles chercher de la viande au village : On va faire un barbecue. » Rajouta-t-elle en s’éloignant.

Je soupirai en m’extirpant à regret de la chaise longue.
Pourquoi les filles font-elles toujours rimer bonne franquette avec corvées supplémentaires ?
Si c’est à la bonne franquette, peu importe que le frigo ne sois pas rempli !
Et c’était pas trois mecs en goguette qui allaient se plaindre du désordre dans la maison.

Enfin bon… Ce que femme veux…

Voir débarquer ces trois larrons dans notre petite retraite douillette ne me faisait d’ailleurs pas spécialement sauter au plafond.

C’était des copains, juste des copains. Certainement pas des amis.

En plus, c’était plutôt des copains de Margaux… et encore !

Il n’y avait que Théo que l’on connaissait bien. Et pour cause : C’était l’ex de Lauriane, la meilleure amie de Margaux.
Pas tout à fait son ex, en fait, puisqu’ils n’avaient pas officiellement rompu. Ils faisaient un « break ».

Enfin bon. On sait tous ce que ça signifie : Quand on demande à faire un break, c’est en général parce qu’il y a quelque chose qui cloche dans le couple et cette « pause » permet à l’un ou à l’autre d’aller voir ailleurs si l’herbe y est plus verte en toute impunité et tout en gardant l’illusion que si on ne trouve pas mieux, il y a toujours cette bouée de secours sécurisante du retour au bercail.
Alors quand on sait que c’était Lauriane qui avait été à l’initiative de ce break et que l’on connaît le tempérament de cette nénette toute aussi jolie que sa copine, le pauvre Théo ne devait guère nourrir d’espoirs.

En même temps, je dis « le pauvre » mais celui-ci n’était pas spécialement à plaindre.
D’une part parce que contrairement à moi, c’était le beau gosse par excellence, le genre latin lover à la coupe impeccable, au regard sombre sous le sourcil séducteur et à l’assurance naturelle. Le mec super énervant pour les gars comme moi, quoi.
Et d’autre part parce que j’avais déjà pu constater que même en étant en couple, il ne se privait pas de « tester » son charme irrésistible auprès de la gent féminine. Le genre de type qui a fait sien le dicton : « Ce n’est pas parce qu’on a déjà mangé qu’on n’a pas le droit de regarder le menu. »
Sauf que lui, je soupçonnais qu’en plus de regarder le menu, il lui arrivait aussi de consommer.

Donc, s’il était vrai que le départ de Lauriane lui avait salement amoché l’amour propre qu’il avait surdimensionné, je ne me faisais pas de soucis pour lui. Il allait vite rebondir.

Le deuxième, Fabien, était le plus sympa des trois.
C’était le joyeux drille de la bande. D’un naturel toujours heureux, c’était aussi un redoutable pique assiette : Toujours dans les bons coups pour se faire inviter à droite ou à gauche, toujours au courant de la moindre fête organisée par la plus éloignée de ses vagues connaissances, il passait son temps à squatter chez les uns et chez les autres.
Je le soupçonnais même de s’être inventé une adresse bidon et de n’avoir pour autre point de chute régulier que la piaule chez papa et maman.
Un as de la démerde, en tout cas. Pas étonnant que ce soit lui qui ait téléphoné à Margaux afin de pouvoir grailler à l’œil.
De là à penser que cette étape « impromptue » avait été calculée à l’avance, il y avait un pas que j’étais prêt à franchir sans scrupule.

Le troisième, Bastien, je ne le connaissais quasiment pas. Et je ne tenais pas spécialement à le connaître.
C’était le copain de Théo. Au plus nous étions nous rencontré trois ou quatre fois jusqu’alors mais cela m’avait suffit : Un con fini : Souvent grossier, parfois vulgaire, jugeant sans doute que sa musculature dopée à la gonflette et aux anabolisants l’exonérait d’utiliser plus de 2 ou 3 % de ses neurones, chacune de ses remarques me donnait une idée un peu plus précise du néant.
Toutefois, il amusait Margaux qui lui trouvait des excuses.
Moi pas.

A mon retour du village, chargé comme un baudet, proche congénère des quadrupèdes qui me regardaient passer d’un air absent, j’eus la surprise de trouver Margaux changée et maquillée.
Oh, rien de très aguicheur mais malgré tout, cette soirée avait de moins en moins l’aspect d’une bonne franquette improvisée.

Ils arrivèrent tard.

Le ciel s’assombrissait déjà et le barbecue était bien avancé.
Fabien était au volant, à ses côtés Bastien et derrière, Théo semblait en train de se réveiller.

« – Salut les amoureux ! » lança le conducteur après avoir éteint son moteur non sans un dernier joyeux coup de klaxon. « Punaise ! Margaux ! Ca te va super bien d’être toute bronzée comme ça ! Je ne pensais pas que c’était possible que tu sois encore plus belle ! » S’écria-t-il en l’embrassant.
« – Vil flatteur ! »
« – Ah non ! Quand ça devient une telle évidence, ce n’est plus de la flatterie, c’est un constat, au pire un compliment ! »

Rose de plaisir, elle lui rendit ses bises et le laissa continuer vers moi :
« – Salut Erwan, t’es un sacré veinard, tu sais ça ?! »

Oui, je savais. Mais ça fait toujours plaisir de l’entendre, même si le gaillard avait une propension naturelle à exagérer.
Je serrai avec entrain sa main tendue.

De l’autre côté de la voiture, Bastien étirait sa grande carcasse.
« – Putain ! C’est vrai que c’est paumé ! Vous devez vous faire chier comme des rats morts, ici !
Salut Margaux ! Alors, quand est-ce que tu dégrafes ton corsage ? Depuis le temps que j’attends la gougoutte ! »

Très drôle. Ca commençait fort !
En même temps, constater qu’il connaissait au moins une référence du grand Georges le faisait remonter un peu dans mon estime.

D’un œil soupçonneux, je le regardai embrasser ma chérie qui gloussa :
« – Tu rêves tout debout, mon grand ! »

Puis il s’avança vers moi, jeta un regard moqueur sur mes bras d’haltérophile biafrais et balança :
« – Salut Erwan ! Alors, la muscu’, c’est pour quand ? »
« – Salut Bastien. J’y songe, j’y songe mais à chaque fois que je te vois, j’ai peur : Je me dis que si le développement synaptique est inversement proportionnel au développement musculaire, à choisir, je préfère encore garder mes mollets de coq. »

Bien évidemment, il ne répondit pas.
Je sais, ce n’est pas très charitable de vanner un abruti. Mais qu’est-ce que c’est jouissif, parfois !
Surtout quand celui-ci est beaucoup plus musclé que vous : Il y a cette sorte d’excitation liée au risque de s’en manger une bonne si le gars s’avère un peu plus perspicace que prévu.
Là, ça ne risquait pas. Comme il n’avait pas la lumière à tous les étages, l’information n’avait pas eu le temps de faire le tour.

Derrière, Margaux disait bonjour à Théo.
La bise qu’ils échangèrent fut timide, presque empruntée. C’était la première fois qu’ils se voyaient depuis la rupture entre lui et sa meilleure amie et visiblement, ils ne savaient pas comment se comporter vis-à-vis de ça.
Toutefois, le mini-malaise ne tarda pas à s’évanouir dès que tout le monde passa à table.

Le repas fut joyeux.

Heureux et arrosé car les gars avaient dévalisé au passage un producteur local de rosé des Corbières.

Je n’aurais pas dû boire de rosé. En général, ça me file la migraine assez rapidement et celui-là avait beau être très bon, il ne dérogea pas à la règle.

Mais je ne voulais pas rester sur la touche, faire le rabat-joie alors que tout le monde s’amusait. Et puis il me fallait bien ça pour supporter les blagues salasses de Bastien.

Je sirotais donc gentiment, en écoutant les gars raconter leurs aventures :
En fait, ils étaient partis depuis trois jours de Paris et faisaient le tour des copains en vacances avec pour destination finale avouée, la riviera espagnole.
Le prétexte de départ était de divertir Théo pour lui faire oublier son « chagrin d’amour » mais comme tout prétexte, il masquait à peine le but ultime : Faire la bringue tous les soirs et, si possible, lever quelques nanas pas trop farouches pour égayer les nuits. D’ailleurs, le choix de la destination n’était pas innocent :
« – Tu te rends compte ! Là-bas, y a des troquets et des boites ouverts 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7 ! Le Pa-ra-dis !! »
« – Mais vous allez faire comment pour vous loger ? Vous avez prévu quelque chose ? »
« – Pas la peine ! On sort la nuit, et on récupère le jour : On pionce sur la plage ! C’est tranquille et c’est gratos ! Au pire, s’il fait frisquet, on monte la tente. »

Imparable.

Nul doute que l’organisateur de cette méga party low cost se prénommait Fabien.

Margaux s’amusait bien. Riant de bon cœur aux blagues des garçons, elle rayonnait.

Et tous, nous n’avions d’yeux que pour elle.

En même temps, ce n’était pas trop difficile : C’était la seule nana au milieu de quatre mecs 100% hétéros.
Et quelle nana !
Avec son T-shirt échancré et son mini short qui ne descendait guère loin sur ses cuisses bronzées, c’était clair que les gars avaient de quoi se régaler les rétines. Et il faut bien admettre qu’ils ne s’en privaient pas.

Sans être particulièrement à l’affut, je pus repérer bon nombre de regards sur les courbes de ma chérie. Du coup d’œil appréciateur de Fabien sur le décolleté un brin lâche du T-shirt vert anis, jusqu’au clin d’œil grivois adressé par Bastien à ses copains en reluquant le postérieur parfaitement moulé de Margaux alors que celle-ci se penchait pour ramasser quelque chose.

Même si ce n’était donc pas toujours discret, cet hommage plus ou moins appuyé à la beauté de ma compagne ne me choquait pas ni ne m’embarrassait.
Au contraire, c’est toujours valorisant pour un homme de voir les charmes de sa femme appréciés par d’autres amateurs.
C’est un peu primaire, comme réaction, mais c’est comme ça. On aime toujours jouer les paons, même si c’est par l’intermédiaire de sa moitié.
Alors, tant que ça restait courtois et discret, je ne trouvais rien à redire.

Sauf que Bastien avait une conception de la discrétion et de la courtoisie assez différente de la mienne…
Quand il ne passait pas tout son temps à tripoter son portable, il lâchait une incongruité du genre :
« – Alors, Margaux, quand est-ce que tu fais comme ta copine : Quand est-ce que tu largues ton mec ? Tu sais que je serai toujours là pour d’apporter une épaule réconfortante n’est-ce pas ?
En plus, chez moi, j’ai un lit king size !… D’ailleurs, il n’y a pas que le lit qui soit « king size », chez moi, si tu vois ce que je veux dire… ha ! ha ! ha ! »

A part sa connerie, je ne voyais pas, non.

Mais Margaux éclata de rire en me sautant au cou :
« – Ah non alors ! Je l’aime mon chéri ! Pas question que je lâche mon p’tit chou à la crème ! »

Mouais. Certes, il nous arrivait de nous donner quelques surnoms un peu con-con, cul-cul, mais là, en cette circonstance, je ne savais pas si je devais interpréter ce « p’tit chou à la crème » comme la gentille affection dont il était sensé témoigner ou comme une toute aussi gentille et tendre allusion à ma gourmandise qui commençait à me gêner au niveau du tour de taille.

A constater l’air narquois des trois autres, ils avaient fait la même analyse que moi.

Toutefois, j’eus rapidement ma revanche en notant leur regard envieux lorsque, telle une chatte, Margaux se lova contre moi en ronronnant. J’enfonçais aussitôt le clou en saisissant le menton de ma dulcinée et en lui roulant une méga-pelle.

Nul besoin de voir la réaction des trois autres pour savoir qu’ils mourraient d’envie d’être à ma place.

La soirée s’étira longuement, au son des grillons. La nuit était particulièrement douce. Nous étions restés dehors, attablés sur la terrasse.

Soudain, Fabien s’étira en baillant :
« – Dites, les gars, c’est pas qu’on s’ennuie et pour ma part, je resterais bien encore en compagnie d’Erwan et de sa jolie Margaux mais on n’a toujours pas trouvé de point de chute pour ce soir et il faudrait qu’on décolle avant que tous les campings du coin soient fermés ! »

Evidemment, Margaux tomba en plein dans le panneau avant que j’aie pu réagir :
« – Oh non, les garçons ! Vous ne pouvez pas partir comme ça ! Il est bien trop tard et de toute façon, vous ne pouvez pas conduire dans votre état, après avoir bu tout ça ! » S’exclama-t-elle en désignant la pile de cadavres qui gisait en bout de table.

Fabien joua l’embarrassé :
« – Bah, c’est pas faux mais on ne voudrait pas vous déranger. »

Ben voyons ! Comme si tu n’espérais pas en secret cette réponse !
Malgré tout, Margaux avait raison. Alors j’abondai en son sens :
« – Y a pas de problème Fabien, vous n’avez qu’à planter votre tente par là, vous y serez bien. »
« – T’es pas bien chéri ! Tu ne va pas leur faire planter une tente à cette heure ! C’est pas humain ! Il y a largement la place dans la chambre pour y dormir à cinq. C’est juste pour une nuit, on peut se tasser un peu et se la jouer à l’auberge de jeunesse… Ce sera plus sympa ! » Et elle se tourna vers les autres « En plus, on a un lit inoccupé pour une personne. Vous n’avez qu’à vous le faire à la courte paille : Celui qui gagne n’aura même pas besoin de gonfler son matelas et de sortir son duvet ! » Conclut-elle visiblement ravie de pouvoir rendre service.

J’aurais voulu objecter que les tentes modernes se montent maintenant en « 30 secondes chrono » et que ça, ça aurait sans doute été plus simple pour tout le monde plutôt que de s’entasser à cinq dans la chambre certes vaste mais qui n’avait quand-même rien d’un dortoir des YMCA.
Mais comme elle semblait si fière de son idée, je n’ai pas eu le cœur de la contredire.
D’ailleurs les trois garçons accueillirent avec gratitude cette initiative :
« – Ah ouais, cool ! C’est vrai que sinon, c’était la galère ! Merci beaucoup ! »

Ils jouèrent donc le lit confortable à la courte paille ou, en l’occurrence, au « court bouchon » et ce fut Théo qui remporta le lot à la grande déception des deux autres :
« – Putain, c’est pas juste ! Déjà que t’as pioncé toute la journée dans le cul de la bagnole pendant qu’on se tapait toutes les bornes ! »

Mais le beau brun ne lâcha pas l’affaire et les deux malchanceux partirent bientôt chercher leurs affaires afin de s’installer pour la nuit.
Je les accompagnai pour leur indiquer où se mettre.

En entrant dans la chambre, on avait tout de suite à droite, contre la cloison, le lit simple puis le lit double un peu plus loin.

Contre le mur en face, une imposante armoire prenait pas mal de place.

Le plus simple était de rapprocher les deux lits afin de dégager un espace au fond pour un matelas et d’étendre le deuxième matelas aux pieds du grand lit. Fabien choisi la place du fond et Bastien celle dans le passage en maugréant :
« – Ben j’espère que personne ne ronfle parce que sinon, j’aime encore mieux aller pioncer dans la bagnole ! »

Sympa. Faites donc des efforts pour accueillir vos copains, vous en serez pleinement remerciés !

Je laissai les gars se débattre avec leur gonfleur et ressortis.

Margaux et Théo avaient abandonné la table en bazar pour aller s’allonger sur les deux chaises longues restées sous le tilleul qui, à cette heure, ne donnait plus d’ombre depuis bien longtemps.

Ils avaient allumé une cloppe chacun et semblaient partis dans une discussion de fond dont je devinais le sujet : Lauriane et la rupture.
Après tout, c’était l’occasion.

Margaux n’est pas une fumeuse régulière. Elle a cette capacité rare à résister à la tentation de la nicotine et préfère largement ce que l’on appelle la « cigarette festive »ou, comme à cet instant, le plaisir de savourer pleinement quelques bouffées brulantes dans le calme apaisant de la nuit, si possible avec quelqu’un car elle trouve triste de fumer seule.

Comme moi je ne fume pas, j’avais rarement l’occasion de lui accorder cet agrément. Alors ce soir-là, elle profitait de la compagnie d’un partenaire sur la même longueur d’onde pour goûter ce petit plaisir.
Et comme ils semblaient avoir trouvé un sujet qui les passionnait tous les deux, le paquet risquait de ne pas suffire.

Ne souhaitant pas m’immiscer dans leur conversation et ne trouvant pas d’autre activité pour m’occuper, j’entrepris de débarrasser la table en attendant que les deux autres reviennent.
Justement, ceux-là semblaient bien s’amuser. Je les entendais même se marrer.

Je m’approchai silencieusement de la porte sans me faire voir.

« – Regarde ce que j’ai trouvé Bastien ! Tu crois que ça fait partie de la déco ? » Demanda Fabien ravi en brandissant du bout du doigt ce que je reconnus comme étant une petite culotte de Margaux.
« – Oh putain ! Belle trouvaille ! »
« – Regarde-moi ça, si c’est pas joli ! T’imagine le mignon petit cul qui s’y est glissé ? Hmmm ! »
« -Arrête ! Si tu continues comme ça à me la fourrer sous le nez, je ne vais pas dormir de la nuit ! Déjà que la nénette m’a bien chauffé ce soir à se trémousser devant nous, je sens que je suis bon pour dormir sur la béquille, moi ! »
« – Ha ! Ha ! Pauvre Bastien ! On dirait bien que t’es sacrément en manque, toi ! »
« – Ouais, et c’est pas ça qui va arranger mon état ! Vivement qu’on se lève deux ou trois petites espagnoles bien chaudes, histoire que je trempe mon biscuit ! En attendant, enlève-moi ça de ma vue avant que je n’aie trop envie d’aller y renifler l’odeur de chatte en chaleur qui doit y rester ! »
« – Allez, t’as raison, j’arrête le supplice, je la remets où je l’ai trouvée. » Conclut Fabien en glissant le sous-vêtement sous le lit.

Manifestement, Margaux n’avait pas tort : On aurait peut-être dû faire le ménage…

Lorsque les deux loustics reparurent, ils constatèrent comme moi qu’il n’y avait pas de place pour eux dans la conversation entre Margaux et Théo.

Cela m’étonna un peu qu’ils ne tapent pas l’incruste plus que cela mais quand je leur proposai de venir m’aider à la vaisselle, ils prétextèrent d’une immense fatigue due au voyage pour aller se coucher sans attendre.

Merci les pour le coup de main, les gars !

Une heure plus tard, la vaisselle était lavée, essuyée et rangée, la table nickel et la cuisine n’avait pas été aussi bien arrangée depuis notre arrivée.

J’avais beau regarder autour de moi, je ne trouvais plus rien à faire pour justifier ma débauche d’énergie mais ni Margaux ni Théo ne semblaient vouloir terminer leur discussion en aparté.

Me trouvant un peu godiche à tourner sans but, je finis par m’attabler à nouveau et trouvai de l’occupation à finir les bouteilles entamées.
Je sais, ça faisait un peu poivrot solitaire mais, sur le moment, ça m’avait semblé une bonne idée, surtout que je pensais être immunisé contre la migraine par les abus précédents.
Oui, j’admets : Je n’avais plus les idées très claires à ce moment de la soirée.

J’espérais en tout cas écouter une partie de la discussion entre Margaux et Théo, histoire de les surveiller un peu et de me tenir au courant aussi mais, il faut bien dire que ça ne m’intéressait guère.

Ce n’est que lorsque j’entendis rire Margaux que je me rendis compte que je m’étais avachi sur la table depuis un temps indéterminé.
« – Hé, chéri, tu dors! Vas donc te coucher, ce sera plus confortable ! »
« – Mmm, oui je crois… et toi tu viens aussi ? »
« – Oui, mon amour, t’inquiète pas. Vas-y, je te rejoins tout de suite. »
Ben voyons !
Mais que pouvais-je faire d’autre sans paraître indiscret et surtout superflu ? »

Je suis donc allé dans la chambre où les deux lascars pionçaient en cœur.
Finalement, ils n’avaient peut-être pas menti : Le voyage les avait terrassés… A moins que ce fut le rosé, comme moi.

Je me suis donc couché seul mais l’esprit remis en éveil, je ne trouvais plus le sommeil.
Margaux avait promis de me rejoindre rapidement mais le fait était qu’elle n’était toujours pas là. La discussion devait toujours être aussi prenante.

Et, seul, allongé dans un silence relatif à peine perturbé par les respirations profondes de nos deux colocataires de circonstance, mon esprit vagabondait, échafaudait des hypothèses.
Tant que j’étais là-bas, même de loin, je pouvais constater que Margaux et Théo ne faisaient rien d’autre que papoter. Je pouvais même capter quelques bribes de leur conversation : « Lauriane pensait ci, n’était pas ça… Tu aurais dû faire ci et surtout pas ça… Mais rien n’est perdu, il suffit de changer ça… tu crois que j’ai encore mes chances ?… Mais oui bien-sûr… etc etc…

Mais là, n’entendant plus rien, ma nature soupçonneuse reprenait le dessus, inventait des scénarios…
Et si Théo lui jouait le grand jeu de l’amoureux rejeté et éploré ?
Avec son caractère de Saint-bernard, n’allait-elle pas vouloir le consoler, le réconforter ?
Et alors qui savait ce qui pourrait arriver ? Peut-être attendaient-ils que tout le monde dorme pour…

Non ! Arrête Erwan ! Tu te fais des films ! Il ne se passe rien !

Ok mais quand-même… Ne devrais-je pas entendre les échos discrets de leurs paroles par la fenêtre entre-ouverte ?
Or je n’entends rien ! Peut-être sont-ils enlacés dans le noir et peut-être ne disent-ils plus rien parce que leurs bouches sont occupées à autre chose !…

N’y tenant plus, je me suis relevé et me suis avancé discrètement dans la cuisine obscure pour constater de visu.
Même si ce que j’allais voir allait me faire mal, tout valait mieux que cette incertitude…

Mais non.

Ils n’avaient pas bougé. Ils ne s’embrassaient pas. Faiblement éclairés par la lanterne extérieure, ils continuaient à fumer tout en parlant.

En retournant me coucher, j’étais soulagé. Soulagé mais furax contre moi-même : Quel idiot j’étais !

Mais cela ne m’avait pas calmé pour autant.
Quand on attend dans le noir, les minutes paraissent des heures et mon esprit retors recommença rapidement à vagabonder.
Je me tournais et me retournais sans cesse dans le lit sans trouver le sommeil.
Mais que pouvaient-ils biens se dire d’aussi passionnant ? Allaient-ils enfin finir par se coucher !?

Et si je m’étais levé trop tôt tout à l’heure ?… Et si maintenant, ils étaient certains que je dormais ?…

D’ailleurs, en y réfléchissant, il me semblait qu’ils s’étaient nettement rapprochés, tous les deux… Et je ne me rappelais pas nettement la position des mains de Théo… et si… et si…

Et là ! N’était-ce pas un gémissement que je venais d’entendre ?

Si je me relevais, là, maintenant, n’allais-je pas trouver Théo agenouillé entre les jambes de Margaux… ou pire : L’inverse !

D’un bond, je me suis jeté hors du lit et j’ai traversé la cuisine après avoir failli écraser les pieds de Bastien.

Toujours rien.

Ils discutaient.

Ils ne s’étaient pas rapprochés. Chacun avait ses mains de son côté.

Margaux riait.

Ce que j’avais pris pour un gémissement n’était que le rire de ma femme.

Fallait vraiment que je me soigne ! Je n’allais pas bien !

Je ne dormais toujours pas quand ils se décidèrent enfin.
Si tel avait été le cas, je me serais sans doute quand-même réveillé tant ils prirent peu de précautions :
Entre la porte claquée, les volets grinçants fermés sans ménagement, une ou deux chaises bousculées, c’était un vrai ramdam !

Ils pouffaient et rigolaient comme des gamins heureux de leur complicité.

Puis la porte s’ouvrit, laissant entrer la lumière de la cuisine dans la chambre.

« – Chut ! Faut pas les réveiller ! »
« – En tout cas, ça risque rien pour Erwan : Le connaissant, avec tout le rosé qu’il a picolé, il en a jusqu’à demain ! Tiens, ton lit est là… Tu as repéré… J’éteins ! »

Je ne sais pas pourquoi, je n’ai pas démenti en disant que je ne dormais toujours pas.
Peut-être parce que je ne voulais pas avoir l’air nigaud de les avoir attendu comme ça… et aussi parce qu’en faisant l’endormi, j’espérais aussi un peu surprendre une indiscrétion au cas où ces deux là avaient fait plus que papoter dehors…

Paranoïa quand tu nous tiens !

L’obscurité est revenue… encore plus entière…

Un choc suivi d’un cri étouffé :« Awouah ! »
« – Qu’est ce qui t’arrive ? »
« – Non rien… C’est ce foutu lit qui a fait du pied au mien ! »
« – Hi-hi ! »
« – Rigole maligne ! En attendant, fais gaffe de ne pas écraser Fabien… où Bastien d’ailleurs, je ne sais pas qui dort là. »
« – T’inquiète, j’assure ! »
« – Remarque, je ne pense pas que l’un ou l’autre refuserait une jolie nénette comme toi dans son lit. »
« – Sans blague ! »

Ils se turent. Pendant un moment, on n’entendit plus que le bruit discret de leur déshabillage : Des chaussures qui tombent au sol, une fermeture éclair que l’on dézipe, un short ou un pantalon qui glisse le long des jambes…
Margaux s’était assise sur notre lit.

« – Tu sais quoi ? »
« – Non. »
« – Ca me fait tout drôle de savoir que tu es en train de te mettre toute nue juste à côté de moi… Un vieux fantasme qui se réalise… Hélas, il fait trop noir… »

Elle pouffa.« – Rassure-toi, tu ne perds pas grand-chose : Je ne suis pas nue, je garde ma culotte et un T-shirt. »
« – Mince ! Un mythe s’effondre ! Moi qui croyais que tu dormais nue… »
« – Ca m’arrive souvent » Répondit-elle tandis que je reconnaissais le son caractéristique du déclipsage du soutien-gorge.
« Mais là, avec trois autres mecs dans la chambre, non. On ne sait jamais où seront les draps demain matin. »
« – Justement ! Dommage ! »
« – Gros malin ! »
« – En tout cas, moi je m’en fous, je dors à poil ! »
« – T’es tout nu, là ? »
« – Ben ouais ! »
« – Du coup, c’est moi qui en viens à regretter qu’il n’y ait pas un peu plus de lumière, là ! »
« – Coquine ! »

Après un court silence, il reprit :« – Tu sais, il a de la chance de t’avoir, Erwan, t’es vraiment géniale. »

Oh non ! Ils n’allaient pas recommencer tout depuis le début !
Ca n’avait pas été dit avant, ça ?
Il était l’heure de pioncer, merde !

Mais Margaux ne semblait toujours pas pressée, elle restait assise sur le bord du lit.

« – N’exagère pas trop quand-même ! »
« – Si-si, je t’assure ! D’ailleurs, parfois, je me demande si je n’ai pas fais le mauvais choix… »
« – Comment-ça ? »
« – Ben rappelle-toi : A l’époque où j’ai connu Lauriane, t’étais libre, toi aussi. J’aurais très bien pu jeter mon dévolu sur toi. »
« – Oui-oui, je me souviens bien… Même que ça m’avait un peu vexée que tu préfères Lauriane… je crois que je lui ai fait la gueule pour ça… au moins deux minutes ! »
« – Ben j’aurais très bien pu te choisir… J’aurais même sûrement dû te choisir… »
« – Ah ? C’est malin de dire ça maintenant… Et qu’est-ce qui t’a décidé ? »
« – Je ne sais plus trop… Elle semblait plus… disponible… moins… revêche… En tout cas, tout ce que je sais, c’est qu’à l’heure actuelle, je me dis que je me suis planté… vraiment. »
« – Faut pas ! Faut jamais regretter ses choix. C’est en les assumant qu’on avance. »
« – Facile à dire… Pas si facile à faire… »

Encore un silence pendant lequel les deux bavards semblèrent perdus dans leurs souvenirs.

« – Alors comme ça, t’as été jalouse de Lauriane ? »
« – Ben oui ! T’étais quand-même le plus beau mec de la bande… et disponible en plus ! On était trois ou quatre sur les rangs si je m’en souviens bien… Mais je rigole quand je dis que j’en ai voulu à Lauriane. On est trop bonnes copines pour ça. En fait, j’étais super heureuse pour elle. »
« – Je ne me suis pas rendu compte de ça. »
« – C’est ça, fais ton modeste ! »
« – Nan, j’t’assure ! Je ne savais pas que tu en pinçais pour moi. »
« – Oui, j’en pinçais : à l’imparfait. Maintenant c’est fini, je suis très heureuse avec Erwan. »
« – Dommage… »
« – Tu recommence à faire ton idiot ! Comme tout à l’heure, dehors. » Gronda-t-elle sur le ton du reproche amusé.

Ils continuèrent encore à ressasser leurs souvenirs d’anciens combattants pendant plusieurs minutes. Ca n’allait donc jamais finir ?!

D’autant qu’il y a avait un côté surréaliste à les imaginer tous les deux, lui nu et elle à demi-nue, assis l’un en face de l’autre à seulement quelque centimètres d’écart, en train de deviser presque naturellement dans l’obscurité la plus complète.

Mais Margaux finit par chuchoter :
« – Dis, je commence à me refroidir, je me glisse sous les draps. »
« – Oh non ! On va moins bien s’entendre. On va devoir parler plus fort et on risque de réveiller les autres… Ca me fait tellement de bien de parler avec toi… j’ai pas envie que ça s’arrête. »

Ben moi si !

« – Oui mais j’ai froid ! »
« – Fais voir… Ah oui, c’est vrai que tu as les cuisses toutes fraiches… »

Ben voyons ! Pelotes ma femme, pendant que t’y es… j’dirai rien !

« – Ah ! Tu vois ! »
« – Alors tu n’as qu’à venir avec moi ! »
« – Comment-ça ? »
« – Ben dans mon lit. »
« – Ca va pas la tête ! Tu rigoles ! »
« – Attends ! Ne te méprends pas ! En tout bien tout honneur ! En copains ! Comme ça tu te réchaufferas et on pourra encore bavarder un peu… Après, tu retourne avec Erwan, bien-sûr ! »

C’est ça ! Et moi j’suis la reine d’Angleterre !
Non mais écoutez-moi ce gros malin ! Manque pas d’air, celui-là ! Comme si ma chérie était assez idiote pour ne pas le voir venir avec ses gros sabots !

« – D’accord… mais vraiment en tout bien tout honneur… et je te préviens : C’est toi qui va avoir droit à mes petits pieds glacés ! » Fit-elle tandis que je sentis le matelas se libérer de son poids.

HEIN ! ? Mais non ! Mais heu ! Ca ne va pas du tout ça !

J’étais tellement estomaqué que je n’ai pas eu le réflexe de protester.
Non, pétrifié dans mon étonnement, j’ai laissé Margaux rejoindre Théo sous ses draps.

« – En plus, on ne va pas avoir beaucoup de place ! »
« – C’est pas grave, on va se serrer, ce sera mieux, pour te réchauffer, non ? »
« – Oui, mais en copains, hein ? »
« – Bien sûr… Oh la vache !!! C’est vrai que t’as les pieds gelés !! »
« – Normal, j’suis une fille… J’peux les mettre au chaud, dis ? Par là par exemple… »
« – Ouahhh !!! C’est pas possible d’avoir les pieds aussi froids !! Vas-y… mais doucement ! »
« – Oups ! Pardon !… Dis-donc, c’était vrai que t’es tout nu, toi ! »
« – Bah évidemment, je ne racontais pas de blague… Tiens, vas-y, colle-toi contre moi comme ça. Ca va te réchauffer… Dis-donc, t’as pas les fesses bien chaudes non plus… »
« – Et encore ! Je t’épargne : J’ai gardé ma culotte… par contre… si ce que je sens dans mon dos est bien ce que je pense, ça n’a pas l’air de te refroidir, toi »
« – Oups, désolé ! Que veux-tu… c’est un réflexe humain… je ne suis qu’un homme… »
« – Hmm oui, je confirme : Tu es un homme… »
« – Maline ! »

« – Je veux bien admettre le « réflexe », par contre, comme on a dit en tout bien tout honneur, je pense que se serait mieux si tu mettais ta main ailleurs que sur mon sein… »
« – Désolé… c’était pour mieux te réchauffer… »
« – C’est ça ! »
« – Et puis, techniquement, je n’ai pas la main sur ton sein : J’ai la main posée sur ton T-shirt qui lui-même recouvre ton sein… »
« – Ne joues pas sur les mots, s’il te plait… Retire-la. »

« – Bon, ok… mais je dois dire que c’est à regret… parce que c’était bien agréable… »
« – Arrête !… »
« – Par contre, il faut bien que je la pose quelque part, cette foutue main… ici ça va ? »
« – Non plus… remonte ! »
« – Là ? »
« – Là ça va, c’est plus convenable. »

« – par contre, si tu commence à me chatouiller, ça va pas le faire non-plus… »

« – Non, arrête ! »

« – Hi-hi ! »

« – Nooon ! »
« – Fait gaffe, j’vais me venger ! »
« – Chiche ! »

S’en suivit alors un bruit de lutte, de chahut, de draps froissés accompagné de petits cris et de petits rires à peine contenus.
Aucun respect du sommeil des autres, ces deux là !

Je ne saurais dire qui remporta le match mais celui-ci les laissa essoufflés et hilares.

Jusqu’à présent, j’avais tant bien que mal réussi à entendre l’intégralité de leur discussion. Ils parlaient à voix basse mais, dans l’ensemble, c’était assez distinct.
Malheureusement, à partir du moment où le calme revint sur le lit d’à côté, je n’entendis plus grand-chose de net pendant un bon moment. Juste des chuchotements inintelligibles entrecoupés de petits rires complices.

Ce qui me remit rapidement dans un état de fébrilité extrême.

J’essayais de deviner ce qu’ils se disaient à l’oreille, ce qu’ils faisaient, tous les deux si proches sous les draps.

Je me demandais s’ils ne se foutaient pas de moi en douce.

Et j’imaginais surtout leurs mains profiter de cette étroite promiscuité pour entamer un jeu plus tout à fait innocent…

Encore une fois, je ne sais pas pourquoi, je n’ai pas réagi.
Je ne sais pas.

Sans doute parce que j’étais encore marqué par les deux fausses alertes connues plus tôt dans la nuit.

Ma raison me dictait peut-être de ne pas m’alarmer puisqu’après-tout, je devais faire confiance à Margaux : Elle avait bien insisté sur le fait qu’elle rejoignait Théo qu’à condition que ça reste chaste. Alors pourquoi en irait-il autrement.

De quoi j’aurais l’air si je montais sur mes grands chevaux alors qu’ils ne faisaient rien de mal ?

D’un con.

D’un con jaloux.

Certes, sans faire pour autant d’esclandre, j’aurais très bien pu jouer celui qui se réveille et s’étonne de se trouver seul dans le lit. Histoire de leur laisser le temps de se donner une contenance ou trouver une excuse… mais, sur le moment, je n’avais pas l’esprit assez clair pour penser à cette option.
Mon attention était focalisée sur ce que je pouvais entendre qui conforterait mes soupçons.

Et, quelque part, je dois bien admettre que j’éprouvais un plaisir contradictoire, incompréhensible et particulièrement pervers à laisser les choses se dérouler sans aucune intervention de ma part.

Oui, au fond de moi, la part la plus masochiste de mon être tenait à savoir jusqu’où Margaux était capable d’aller avec un autre alors qu’elle me croyait endormi.

A la lumière des évènements, il me faut convenir que cette partie jusqu’alors insoupçonnée de moi-même ne fut pas déçue… loin de là !

Soudain, il y eut une phrase un peu plus claire :
« – Euh… techniquement parlant, pour reprendre ton expression, je crois que maintenant, tu as bien tes mains sur mes seins puisque sous le T-shirt qui les recouvre… »

Mon cœur se serra.

« – Oups ! Ca t’embête ? »

Ben, pas qu’un peu !

Pas de réponse.

Ou plutôt si. Une réponse muette qui m’étreignit encore une fois le muscle cardiaque :
Des petits bruits discrets.

Des petits bruits discrets et humides.

Des petits bruits de lèvres qui se cherchent et se trouvent… se rencontrent et s’embrassent…

Puis très vite deux langues qui entrent dans la danse…

Et déjà des soupirs… des respirations plus intenses qui éclatent dans une obscurité et un silence dont la densité devient presque palpable.

Atterré, j’ai assisté impuissant à l’union de leurs bouches.

« – Hummm ! Si tu savais depuis combien de temps je rêve de ça… »
« – Hmmm… »
« – Ils sont si doux, si chauds… » …

Oui, doux et chauds… Des seins ronds, ni trop petits, ni trop grands… des seins juste bien proportionnés que j’adorais caresser et je crevais à l’idée de les savoir pétris par d’autres mains que les miennes.

« – Relève-ça que je puisse les sucer… »
Un bruit de vêtement froissé puis jeté au sol…

Des bruits de succion appliquée accompagnés de gémissements étouffés…

« – Hmmm ! »
« – Oui… Hmmm ! … Oui… »

Des souffles excités…

Des peaux qui se frottent…

J’imaginais les mains de Théo découvrant avec gourmandise ces courbes que je connaissais par cœur… ses doigts enchâssant le globe d’un sein tandis que ses lèvres suçotaient le téton de l’autre…

Puis, le claquement d’un élastique !

« – Non, pas ça ! »
« – Pourquoi ? »
« – Ca va trop loin…

Il ne faut pas…

Erwan… »

« – Il dort à poings fermés… et d’après ce que j’ai senti, tu ne peux pas dire que tu n’en as pas envie… »
« – Mais… »

La protestation n’était guère convaincante et Théo ne s’y trompa pas…Après quelques caresses supplémentaires, le chuintement du tissu sur sa peau signa la reddition de ma femme.

Un petit cri surpris : « – Ahh ! »

« – Hmmm ! C’est bien ce que je disais : T’en meures d’envie ! »

Encore un long silence ponctués de gémissement contenus de Margaux que je supposais répondre au jeu de doigts de son ami. Des gémissements qui allèrent crescendo avant une courte pause…

Puis :
« – Ouh-la ! Elle est grosse ! »
« – Tu trouves ? »
« – Oh oui ! »
« – Plus que celle d’Erwan ? »
« – Y a pas photo ! »

« – Oh mon Dieu ! Elle est énorme !!… Doucement ! »

Oh non !

« – Oh mon Dieu ! Mon Dieu !!

« – Ooooooooooooooooohhhh !! »

« – Oh bon Dieu ! Bon Dieuuuuuuu !!! … Ahhhhhhhhan !!!! »

Bon sang ! Je connaissais suffisamment Margaux et ses réactions au plaisir pour comprendre qu’elle venait d’avoir un orgasme… là, comme ça, dés la première pénétration !

Elle avait eu beau tenter d’étouffer ses cris, ça ne faisait aucun doute. Ce salopard l’avait fait grimper aux rideaux en un tour de main !
Incroyable !

Mais, évidemment, ils ne se satisfirent pas de cela.

Le concert de gémissements et de soupirs reprit de plus belle.

Ils avaient beau prendre des précautions pour émettre le moins de sons possible, ils ne pouvaient pas tout étouffer.

Déchiré mais attentif, j’étais à l’écoute du moindre bruit, du plus petit écho.

Même si ça me faisait un mal de chien d’entendre Margaux baiser avec ce type, je ne pouvais m’empêcher de décrypter ces signaux pour les interpréter et en conclure ce qu’il se passait à moins d’un mètre de moi.

Et force était de constater que Théo était loin de s’y prendre comme un manche.
Il ne jouait pas le bourrin.
Il procédait par lentes et puissantes intromissions qui se terminaient invariablement par une plainte étouffée à chaque fois qu’il allait au plus profond.

Pas de doute possible : Margaux appréciait ce traitement. Je la devinais en train de tenter de se maitriser au maximum pour ne laisser échapper que le minimum, mordant sans doute dans ses poings, gémissant dans l’épaule de son amant, poussant parfois de petits cris lorsque le plaisir était trop intense.

Et ça durait… encore et encore…

L’indécent adultère n’en finissait pas !

Je disais plus haut qu’attendre dans le noir pouvait paraître une éternité… Ce n’est rien comparé à l’obligation d’écouter passivement sa femme gémir son plaisir dans les bras d’un autre que soi.

Au bout d’un moment, j’ai arrêté de noter les fois où elle semblait prendre son pied… La parano devait me tromper : Il n’était pas possible d’avoir autant de jouissances successives !

Et le pire, dans tout ça, ce n’était pas de savoir que ma femme me trompât sous mon nez, avec notre pote dans le lit d’à côté…
Ce n’était pas qu’elle parût y prendre un plaisir infiniment plus grand que d’habitude avec moi…Ce n’était pas non plus que ce type semblât mieux équipé et nettement plus endurant que moi.

Certes j’étais blessé par ce que j’entendais, outragé par ce que je comprenais… humilié parce que cela impliquait… mais il y avait plus grave encore…

Car le pire c’était que cela m’avait filé une trique d’enfer ! Une érection traitresse et incontrôlable qui ajoutait à ma honte et à ma souffrance : A mon esprit défendant, visualiser Margaux écartant les cuisses pour mieux accueillir les coups de reins de son amant, imaginer ce « gros » phallus pénétrer les chairs de ma compagne semblait m’exciter au plus haut point.
Je sentais que si je m’abaissais à me toucher, il ne faudrait pas attendre beaucoup avant qu’une délivrance honteuse n’intervienne.

Et ce constat ajoutait un point d’orgue à mon désarroi.

Au bout d’un temps qui me parut interminable, tout cela finit quand-même par s’arrêter : Théo poussa un grognement assourdi et je devinais qu’il venait de s’épancher tout au fond de Margaux, dans cette petite cavité intime qui n’avait connu que moi depuis trois ans et qui n’avait guère admis plus de deux ou trois visiteurs auparavant.

Ce plaisir là ne fut pas synchrone. Mais ne pense pas que Margaux eut pu lui en tenir rigueur.

Pendant de longs instants, on n’entendit plus que leurs respirations essoufflées. Puis…

« – T’es un dieu ! »
« – Merci… T’es très bien aussi… Aussi bien que je me l’imaginais dans mes fantasmes les plus fous ! »
« – Ah parce que tu fantasmais sur moi ? »
« – Bien évidemment ! Qui ne l’aurait pas fait ! »
« – Ouais… le vieux fantasme de la meilleure copine de la copine. »
« – Peut-être mais tu pourras demander à Fab’ et Bast’ : Ca fait longtemps que je leur parle de toi… Et tu remarqueras que j’ai attendu de ne plus être avec Lauriane. »

Ouais… ce que n’avait pas fait Margaux !

Mais celle-ci ne semblait pas s’en émouvoir, au contraire :
« – Hmmm ! Qu’est ce que c’était bon ! Ca donne envie de recommencer aussitôt… Dommage qu’il faille attendre quelques heures pour que tu recharges tes batteries. »
« – Hein ? N’importe quoi ! C’est Erwan qui t’a raconté des conneries pareilles ? »
« – Ben… Euh… Pourquoi ? C’est pas vrai ? »
« – Bien sûr que non ! On remet ça quand tu veux, bébé ! »
« – Ah oui ? »
« – Oui, il suffit pour ça que tu te montre un tantinet persuasive avec… Enfin tu vois, pas besoin de te faire un dessin ! »
« – Humm… Oui, je crois que j’ai compris… »

Oh non !!

Moi aussi j’avais compris !

J’entendis Margaux se glisser au fond des draps puis, après un court laps de temps :
« – Rhaa oui !! C’est ça !!! … Prends-la ! »

« – Oui ! Lèche-la tout le long, oui ! »

« – Oui ! Pompe-moi fort !! »
« – Ouah ! Tu sais que t’es douée, toi aussi ! »

« – Hmmm !! C’que c’est bon !! »

Mortifié. J’étais absolument mortifié.

J’aurais voulu me boucher les oreilles pour ne pas entendre les grognements de plaisir du salaud que ma femme était en train de sucer mais je ne pouvais pas. C’était au-dessus de mes forces, au-delà de la raison. Il fallait que je boive le calice jusqu’à la lie.

D’abord discrets, les bruits de succions se firent plus présents puis, tout à coup, ils semblèrent encore plus proches lorsque Théo rabattit les draps…

Agressé par les aspirations baveuses et précipitées prodiguées par ma chérie, je me représentais douloureusement ses lèvres fines déformées autour du gland violacé tandis que sa petite main allait et venait rapidement le long de la hampe érigée.

De temps en temps, des résonnements gutturaux me laissaient penser que le phallus indélicat pénétrait très (trop ?) profondément à l’intérieur et que Margaux risquait à tout moment le haut le cœur.
Au moins cela aurait eut le mérite de mettre fin à cette nouvelle séance de torture.

Mais non. Il serait dit que rien ne me serait épargné.
Les mouvements s’accéléraient, les grognements se précipitaient, même Margaux émettait de petits gémissements plaintifs que je ne sus pas interpréter. Etait-ce la manifestation d’un certain plaisir de donner du plaisir ou au contraire celle d’un réel inconfort ? Théo était-il en train de lui maintenir la tête contre son gré ?

Je n’eus pas le temps de me poser plus de question.
L’homme exhala un râle sourd tandis qu’un mètre plus bas, une déglutition sonore me fit craindre le pire.

Le silence qui s’ensuivit me parut irréel.

Les battements de mon cœur me semblaient assourdissants.

Mes oreilles bourdonnaient.

C’est à peine si je les entendais reprendre leur respiration.

« – Excuse-moi, je ne voulais pas… mais c’était trop bon… j’ai pas pu te dire d’arrêter … »
« – Pas grave… J’adore ton goût. »

Oh non ! C’était bien ce que j’avais craint !

Sans aucun respect pour mon amour propre, ces deux là étaient en train de faire valdinguer avec la délicatesse d’un rhino à la charge, une à une, toutes les étapes intimes que Margaux et moi avions mis si longtemps à franchir.
Non contents de me faire cocu, elle l’avait sucé, il avait éjaculé dans sa bouche et elle avait avalé !
C’était quoi la suite ? Une sodo rondement menée !?

J’étais anéanti.
Je n’avais même plus la force de prêter l’oreille à leurs murmures complices.
Leurs soupirs de jouissance résonnaient encore dans ma tête tandis que cette gaule n’en finissaient pas de disparaître.

Pourtant, au bout d’un moment, je me rendis compte que plus aucun bruit ne m’était parvenu de l’autre lit depuis un certain temps.

Mais cela ne me calma pas pour autant.

Je restai encore de longues minutes, les yeux perdus dans le noir, sans trouver le sommeil alors qu’à côté, les deux amants dormaient dans les bras l’un de l’autre…

Je finis toutefois par m’endormir d’un sommeil qui fut loin d’être réparateur.

Je ne saurais dire si j’avais rêvé et de quoi.

Je ne sus pas non plus ce qui m’avait tiré de mon sommeil, si c’était les grincements saccadés du sommier voisin ou alors plutôt les petits gémissements ahanants que poussait Margaux.

Je ne mis par contre que quelques secondes à réaliser que ce que j’avais vécu plus tôt dans la nuit ne tenait en rien du délire. J’étais de retour au cœur de mon cauchemar : Ils avaient remis ça !

Et, compte tenu du rythme soutenu, les choses étaient même bien engagées… Grâce au ciel, mon assoupissement m’avait évité de subir le plus gros de leur ébat.
Ce qui ne m’épargna pour autant pas de devoir écouter sans broncher les ultimes soubresauts d’un coït acharné.

Si leur première étreinte s’était déroulée tout en maitrise, celle-ci semblait plus sportive… voire sauvage.
Et contrairement au côté « classieux », presque romantique de la première fois, cette débauche de coups de reins frénétiques, de râles bestiaux, de couinements hystériques, le tout sur fond de clapots de muqueuses baveuses, conféraient à cette séance crapoteuse un caractère des plus obscènes.

Imaginer encore une fois Margaux les cuisses largement écartées pour accueillir les vigoureux va et vient de son amant me révulsait.

Ce qui n’empêcha pourtant pas mon sexe de réagir presque immédiatement aux stimuli sonores.
Mais bon sang ! Qu’avais-je fais au bon dieu pour mériter ça ?!

Fort heureusement, cette fois, cela pris fin assez rapidement. Les deux amants jouirent ensemble dans un cri d’extase et je devinais le corps lourd de Théo s’avachissant sur ma frêle petite femme.

Même s’ils semblaient avoir retenu leurs manifestations de plaisir, comment pouvaient-ils croire que cela était resté discret et qu’ils n’avaient réveillé personne ?

Mais peut-être s’en foutaient-ils tout simplement…

Cette fois-ci, ils ne discutèrent pas après. Sans doute fourbus par leur petite nuit et surtout par leurs efforts, ils sombrèrent rapidement dans le sommeil.

Je ne tardai pas à les imiter.

Je me réveillai dans le brouillard caractéristique d’une bonne gueule de bois.

Je ne mis pas longtemps à me souvenir que l’abus de rosé n’était pas la seule cause de mon inconfortable migraine matinale…

Margaux dormait à mes côtés.
Je ne me rappelais pas du moment où elle m’avait rejoint.
Une caresse furtive me permit de vérifier qu’elle avait renfilé sa culotte et son T-shirt de nuit.

De l’autre côté, dans la cuisine, me parvenait les bribes d’une discussion animée. Manifestement, Fabien et Bastien étaient déjà levés.
Théo s’apprêtait à les rejoindre. Je l’entendais se lever du lit voisin.
Je fis semblant de dormir encore. Pas envie de me retrouver nez à nez avec l’amant de ma femme au saut du lit !

Lorsqu’il ouvrit la porte, la conversation devint plus nette. Et comme il la laissa entrouverte, je pus écouter sans difficulté leurs échanges :
« …. – j’t’assure : c’était hallucinant !! … Tiens ! Voici le héros du jour ! »
« – Qu’est ce que tu veux dire ? »
« – Rhôôô ! Ecoute-moi l’autre qui joue l’innocent ! Comme s’il ne c’était rien passé… Comme si on ne savait pas qu’il a tringlé la petite Margaux toute la nuit ! Gros veinard !! Allez, avoue ! Et racontes à Fabien parce que ce con a pioncé toute la nuit et n’a rien entendu, malgré tout le barouf que vous avez fait tous les deux, tu te rends compte ! »
« – Ouais, j’suis vert ! Si ce que raconte Bast’ est vrai, j’en reviens pas de n’avoir rien entendu ! … Alors, c’est des bourres ou pas ? »
« – Ben, euh… non, c’est pas des bourres… » admit Théo d’un ton faussement modeste.
« – AH ! Tu vois ! J’ai rien inventé ! Quand je pense que ce fils de pute nous la jouait amant inconsolable depuis que Lauriane l’a largué ! Et hop ! Dès qu’on a le dos tourné, il se tape la copine !! … Remarque, ça ne m’étonne qu’à moitié : Ca fait longtemps que Fab’ et moi on t’a dit que tu avais toute tes chances avec elle, vu comment elle te couve du regard depuis belle lurette… déjà qu’en règle général, cette gonzesse n’a pas l’air d’avoir froid aux yeux… j’vous l’avais dit, les gars, cette nana, elle a les yeux qui sentent le cul ! »
« – Toujours aussi poétique, Bast’ ! Même si tu n’as pas tout à fait tort… Mais je ne pensais pas que vous oseriez sous le nez d’Erwan… Vous n’avez pas eu peur qu’il se réveille ? »
« – A vrai, dire, pas vraiment. Margaux m’a assuré qu’avec ce qu’il avait bu, il était bon pour roupiller jusqu’au matin, alors… vous me connaissez, je ne peux pas résister à une jolie paire de seins et à un si joli petit cul ! »
« – Ca, c’est clair ! Un petit cul comme ça, on ne crache pas dessus ! Enfin, si… mais pour autre chose… si vous voyez c’que j’veux dire… »
« – Ah ouais ! J’vois très bien ! Et Théo aussi, à mon avis… Hein Théo ! … Allez Théo, fais pas ton pénible, raconte à Fab’ comment c’était, et tout et tout ! On veut des détails ! »
« – ‘tain, vous êtes lourds, les gars, un peu de respect et de discrétion, quand-même : C’est notre copine ! »
« – Bien-sûr ! C’est certain que cette nuit, tu l’as vachement respectée, ta copine ! … Et question discrétion, vous repasserez ! Parce rien qu’avec ce que j’ai entendu, je pourrais faire un film porno, moi !
Bon allez, vu que le bon Théo fait son précieux, je vais te raconter, Fab’, histoire de pas mourir idiot :
Alors voilà, en fait, il lui a fait la totale : Après l’avoir embobinée avec son baratin, elle était déjà mure à point, comme une poulette pressée de se faire farcir le croupion !
Il l’a donc sautée une première fois et Théo me contredira pas si je te dis que la gamine était aux anges : Vu comme elle miaulait, j’peux t’assurer qu’elle a vu le septième ciel, le bon dieu et tous les saints !
Ensuite, une petite pipe pour se requinquer… et là, on a pu s’apercevoir que la petite Margaux était une sacrée gourmande parce qu’elle n’a pas rechigné à traire popaul jusqu’au bout, n’est-ce pas mon salopard ! Et Théo qui se l’est joué : « Oh excuse, j’ai pas fait exprès, c’était trop bon ! »… faux derche !
Ensuite, petite pause avant de remettre ça vite fait, bien fait… et enfin, sur le petit matin, un petit ramonage du colon pour finir le boulot : Au début, elle était pas très chaude pour ça, mais vu comment elle bouffait ensuite l’oreiller pendant qu’il lui bourrait le cul, je suis certain qu’elle n’a pas dû regretter ! Et là, c’était vraiment trop bon : J’ai juté dans mon calbut’ pour la deuxième fois de la nuit ! »

Quoi !? Qu’est-ce qu’il racontait là ? Il affabulait complètement, ce connard ! Ca ne s’était pas passé comme ça du tout, à la fin !
Non mais quel con ! Ca servait à quoi d’en rajouter ? C’était déjà assez humiliant comme ça !

Toutefois, Théo ne protestait pas… Soit il se faisait complice de cette lourde exagération, soit cela c’était vraiment passé comme ça.
Et si j’essayais de me convaincre que la première option était la bonne, je ne pouvais toutefois pas écarter sereinement la seconde… d’autant que tout le reste était rigoureusement fidèle… Après tout, je ne m’étais réveillé que tardivement lors de leur deuxième « séance »… Alors, était-il possible qu’écrasé par la fatigue, je fus resté assoupi tandis que ma femme se faisait sodomiser par son amant dans le lit voisin ?
Honnêtement… c’était tout à fait possible.
Et cette éventualité me rendait fou.

Mais, de l’autre côté de la porte, les trois autres n’en n’avait pas fini. Bastien ne tarissait pas de commentaires grivois sur ce qu’il avait entendu pendant la nuit et Fabien était bon public.

C’en était trop. Il fallait que cela cesse !

Et le seul moyen pour cela, c’était que je me lève…

Erreur tactique…

Car si les précisions salaces cessèrent à mon arrivée dans la cuisine, c’était sans compter sur les regards narquois et condescendants qui accueillirent le cocu du jour.

« – Alors la marmotte, bien dormi ? »
« – Mmouais… et vous ? »
« – Fab’ a roupillé comme un loir, lui aussi. Par contre, moi pas beaucoup : Y avait un truc qui couinait quelque part… genre souris ou truc comme ça… et ça m’a empêché de dormir une bonne partie de la nuit. » Se gaussa Bastien avec force clins d’œil peu discrets à l’attention de ses complices.

Je décidai de jouer l’innocent : « – Ah oui ? »

« – Ouais ! Et si j’avais pu, je lui aurais bien donné un petit coup pour la faire taire, c’te bestiole ! »

Visiblement, il se réjouissait de me narguer ouvertement devant ses petits camarades.

« – Bah, je crois que l’on doit avoir des tapettes quelque part… »
« – Ah non, je crois pas que ça ira. Ce n’est pas des tapettes qu’il faut pour ce genre d’a****l… Bien au contraire : Faut du gros calibre ! Et à mon avis, t’es pas équipé pour ! Ha ! Ha ! Ha ! »

Les deux autres affichèrent un sourire entendu.

« – Si tu le dis… » Ai-je répondu pour clore le sujet.
Le jeu de sous-entendus à peine dissimulés de ce crétin fini ne m’amusait pas du tout.

Finalement, le plus discret des trois était encore Théo.
Mais celui-ci devait sentir inconsciemment qu’il ne fallait pas pousser le bouchon trop loin.

*****

Nous avions servi le petit déjeuner sur la table de la terrasse lorsque Margaux apparut, encore nimbée de sommeil, la chevelure en bataille et les yeux à demi fermés pour compenser l’afflux de luminosité matinale.

Les gars se turent à son arrivée.

C’est avec une pointe de jalousie que je vis apparaître sur le visage de Théo l’expression de fierté qui d’ordinaire était mienne, cet air un poil orgueilleux qui disait : « Et oui, les gars, vous pouvez baver, c’est moi qui ai la chance de me taper ce joli petit lot ! »

Il fallait bien admettre que même au saut du lit, elle était foutrement bandante, ma chérie : Pieds nus sur les dalles de la terrasse, uniquement habillée de son T-shirt qui s’arrêtait très haut sur ses cuisses et qui laissait nettement deviner les deux petites pointes saillantes à hauteur de poitrine.

Et lorsqu’elle s’étira de tout son long, faisant alors remonter le T-shirt qui dévoila la petite culotte bleue qui ne masquait guère que le minimum, tout en faisant encore plus saillir ses petits seins, je fut certain que les trois lurons étaient déjà au garde-à-vous dans leurs caleçons (propres ou pas).

« – ‘jour les gars ! Bien dormi ? »

« Moi et Fabien oui, mais Bastien a eut du mal à dormir à cause d’un bruit mystérieux. » Répondis-je un peu précipitamment, pas mécontent de mettre dans l’embarras à la fois la femme adultère et la grande gueule du groupe.

Mais si Margaux piqua aussitôt un fard et jeta un regard gêné vers Théo et Bastien, ce dernier la rassura :
« – T’inquiète, ça n’avait rien de désagréable… juste… énervant… » Avec un petit sourire en coin.

Ce qui eut pour effet d’accentuer l’empourprement de ma femme.

Si Margaux attira naturellement tous les regards sur elle durant le petit déjeuner, ce fut avec une acuité particulière que moi, je l’observais.

Ne pouvant lui parler directement, je voulais décrypter à travers son comportement ce qu’elle ressentait après cette nuit de débauche.

Se sentait-elle gênée, confuse voire repentie, ou au contraire assumait-elle les conséquences de ses actes irréfléchis ?
En voulait-elle à Théo de l’avoir incitée à l’adultère ?
Se demandait-elle si elle devait m’en parler ?

Manifestement, elle semblait pour le moins troublée même si elle donnait plutôt bien le change. Sans fuir réellement mon regard, elle ne chercha pas non-plus le contact avec moi.
Quant à Théo, elle lui souriait et ne paraissait lui tenir aucune rigueur de ce qui s’était passé entre eux.

Pas facile finalement de lire dans ses attitudes ce qui pouvait se passer dans sa jolie petite tête.

Et donc pas évident de répondre à la question que je n’osais me poser à moi-même : Cette aventure d’une nuit n’était-elle pour elle qu’une incartade sans lendemain et sans conséquence ou au contraire cela aurait-il des implications inéluctables sur notre couple ?

J’avais déjà eu le temps de penser à ça dans ma solitude nocturne. Et même si j’étais affreusement blessé par ce qui était arrivé, je me sentais déjà prêt à pardonner, à passer l’éponge – pas à Théo ! Qu’il aille se faire foutre et se faire pendre ailleurs, ce bellâtre ! – mais à Margaux, oui.

Parce que je l’aimais, parce que je croyais au droit à l’erreur… et aussi parce que j’avais besoin d’elle à mes côtés.
Certes, la pilule serait dure à avaler mais j’étais prêt à faire cet effort.

Car je ne voulais pas la perdre.

Je ne voulais pas la mettre au pied du mur … l’obliger à choisir… J’avais tellement peur de ne pas être son premier choix !

Alors je préférais faire l’autruche… et attendre que ça passe…

Elle buvait sa tasse au bord de la terrasse en nous tournant le dos lorsque Bastien l’interpella :
« -Pourquoi tu restes debout, Margaux ? Viens donc t’asseoir avec nous ! » Lança-t-il soudain d’un air ironique que je ne compris que lorsque celle-ci répondit, visiblement troublée, qu’elle préférait profiter du paysage.

Le sourire entendu qu’il échangea avec ses deux comparses était éloquent : L’embarras de ma femme et son refus de s’asseoir démontrait implicitement qu’elle éprouvait sans doute une certaine gêne au niveau du fondement en raison de son activité nocturne…

Ignorant les déductions perfides qui faisaient leur chemin dans les cerveaux masculins, la pauvre ne se rendait même pas compte qu’en nous tournant ainsi le dos, elle exposait aux regards, de manière idéale, l’objet de leur fantasme immédiat : Son magnifique petit cul et l’usage qu’ils aimeraient en faire…

Heureusement, elle mit inconsciemment un terme à la contemplation malsaine :
« – Oh merde ! Faut que je me dépêche si on veut aller au marché du village ! Sinon, il n’y aura plus rien ! » Sursauta-t-elle soudain.

Elle se retourna promptement et se précipita vers la salle d’eau, nous plantant là, tous les quatre, le regard perdu sur la fantastique paire de cuisses nues qui disparaissait à l’intérieur de la maison.

*****

Furax !

J’étais furax et désappointé.

Margaux ne m’avait pas attendu !

Et elle était partie !

Et avec lui !

D’habitude, on allait toujours au marché du village ensemble.
Alors, quand elle était sortie de la salle d’eau, habillée de la petite robe d’été vaporeuse qu’elle affectionnait tant, je l’ai succédée sous la douche.

On ne pouvait pas dire que j’avais lambiné. Pourtant, à ma sortie, Bastien et Fabien m’apprirent d’un ton goguenard qu’elle n’avait pas voulu attendre et qu’elle était partie avec Théo qui s’était proposé de l’accompagner en voiture.

« – C’est bête ! C’est dommage qu’ils étaient si pressés de déguerpir… S’ils avaient su que tu tenais tant à y aller, je suis sûr qu’ils t’auraient attendu ! » Ajouta Bastien, hilare.
Enfoiré !

Laisser partir seuls ces deux là en tête à tête ne me plaisait pas, mais alors pas du tout !
Pas besoin d’être devin pour comprendre qu’ils avaient une idée derrière la tête. Et là, il n’était plus question de paranoïa !
C’était certain, compte-tenu de ce qui s’était passé pendant la nuit, cette entourloupe sentait le coup fourré !
J’étais effondré.

Et ces connards qui jubilaient !

Je savais bien que ces gars-là ne portaient pas plus que ça dans leur cœur, j’étais trop intello, trop sage pour eux mais ne pensais pas qu’ils se réjouiraient autant de mon cocufiage.

Dégouté, je me suis éloigné.

Que faire ?
Y aller pour empêcher cette fois Margaux de refaire une connerie ?
C’était ce dont j’avais le plus envie mais ça semblait compliqué : Je vérifiai rapidement qu’elle avait emporté avec elle les clefs de notre voiture (ce qui ressemblait fort à une préméditation) et faire le trajet à pied représentait une marche d’une demi-heure… tout ça pour ne pas être assuré de les retrouver, une fois sur place… Non, complètement idiot.

L’appeler sur son portable ?
Pour lui dire quoi ? Allo chérie, s’il te plait ne baise pas avec lui !
Encore plus ridicule !

Non, je n’avais plus qu’à ronger mon frein en attendant qu’ils reviennent…

Les deux larrons qui zonaient sur la terrasse ne me virent pas revenir.
Quand j’entendis le sujet de leur conversation, je me figeai à l’abri des regards…

« – Dis-donc, t’a vu la tronche qu’il a tiré, Erwan ? Tu crois qu’il se doute de quelque chose ? »
« – Ben c’est possible… Il la connait sa meuf, il doit savoir qu’elle n’a pas froid aux yeux. Et à mon avis, il a raison : T’as vu comment elle était attifée, ce matin, avec sa petite robe à moitié transparente qu’on voyait même qu’elle avait pas mis de soutif ? Et toute guillerette, avec ça ! Y va pas s’ennuyer, ce matin, le gars Théo, crois moi !
P’tite bite, il a pas fini de s’faire du mouron ! »
« – Pourquoi tu l’appelles comme ça ? »
« – Ben ! Parce qu’il en a une petite, pardi ! »
« – T’en sais rien ! »
« – Ah si ! J’peux te le dire : Cette nuit, j’ai clairement entendu Margaux dire que Théo en avait une « énorme ». Même que ça l’a sacrément fait flipper quand il a voulu la lui fourrer dans le derche ! »
« – Et alors, ça veut rien dire. »
« – Ah si ! Justement ! Parce que celle de Théo, j’ai déjà eu l’occasion de la voir pendant les douches du foot… et je peux d’assurer qu’elle n’a rien d’exceptionnelle à côté de mon matos… »
« – Ah ça y est ! Tu recommences avec ça ! »
« – Ecoute, moi j’y peux rien si j’ai été super gâté par la nature ! »
« – Mais oui… mais oui… »
« – En tout cas, je trouve que « petite bite », ça lui va bien. Alors je l’appelle comme ça. »

Voilà qui allait encore favoriser mon estime pour cet analphabète…
J’ai préféré m’éloigner pour ne plus entendre le monceau de connerie qu’il débitait.

Margaux et Théo mirent un temps fou à revenir.

Et plus ils tardaient, plus je cogitais.

Non, ce n’était pas possible de prendre autant de temps pour faire dix kilomètres aller-retour et pour acheter deux melons, trois carottes et un kilo de cerises !
C’était évident, ils occupaient leur temps à autre chose… autre chose que je me refusais à imaginer.

Quand enfin, on entendit le bruit de moteur monter la pente, je regagnai mon poste d’observation caché derrière les buissons.

Une fois la voiture garée, Théo descendit en premier pour aller chercher un sac de victuailles dans le coffre.

Tandis que Margaux s’affairais dans la voiture pour prendre le reste, il n’attendit pas et remonta l’allée d’un pas altier.

Le sourire satisfait qui s’affichait sur son faciès de beau gosse n’augurait vraiment rien de bon…

Les deux autres ne s’y trompèrent pas :
« – Alors ? » Lui demandèrent-ils sans prendre la peine d’expliciter plus en avant leur questionnement.
C’était effectivement inutile, tous trois savaient pertinemment de quoi ils parlaient… et moi aussi je voulais connaître la réponse à cette question sous-entendue…

Le sourire toujours aux oreilles, Théo s’arrêta devant eux et fit durer un peu le suspense… avant de lever les épaules en signe d’impuissance : « – Et non, les gars, désolé : pas d’autres galipettes au programme, ce matin… Margaux et moi on a longuement parlé, elle m’a dit qu’elle regrettait ce qui s’était passé cette nuit. Non pas que c’était pas génial mais qu’elle s’était laissée aller dans un moment d’égarement etc etc… enfin bref, elle se demande déjà comment elle va gérer ça avec Erwan, elle n’a pas envie de se compliquer encore la vie. »

Jubilant muettement derrière mon buisson, je laissai les trois compères tout à leur déception pour courir aider Margaux qui arrivait :
« – Ah te voilà, toi ! Vas voir dans le coffre, il en reste, je n’ai pas pu tout prendre… 5 fruits et légumes par jour qu’ils disent ! Ouais, ils oublient de préciser que ça pèse une tonne ! »

Surprise, elle accueillit avec étonnement le baiser joyeux que je déposai sur ses lèvres au passage…

Cette fois, les gus ne se firent pas prier pour aider en cuisine ou pour dresser la table.

Et je compris assez rapidement la raison de leur engouement soudain : Cela leur permettait de tourner à loisirs autour de Margaux et d’opérer un scan complet de sa plastique avantageuse.

Car, comme l’avait déjà remarqué Bastien, la petite robe d’été qu’avait choisi ma compagne n’était pas des plus opaques.

Ils avaient déjà pu constater qu’elle ne portait pas de soutien-gorge, sans doute essayaient-ils maintenant de vérifier qu’elle n’avait plus de culotte non plus.

Et finalement, pour savoir ce qu’ils pouvaient bien apercevoir, et bien je faisais comme eux…

C’était indéniable. Si les rebonds caractéristique d’une poitrine en liberté n’avaient pas suffit, la relative transparence du bustier ne laissait aucun doute : On distinguait assez facilement les deux aréoles et les deux petites pointes centrales qui les surmontaient.

Comme souvent lorsqu’elle était en vacances, Margaux s’était affranchie du carcan contraignant d’un soutien gorge. Chose que je pouvais difficilement lui reprocher, surtout qu’elle avait une poitrine splendide.

Elle avait dû obtenir un joli succès au marché, lorsqu’elle s’était inévitablement penchée sur les étals de fruits ou de légumes.

Plus bas, c’était moins évident.
Toutefois, par moment, selon l’éclairage, on pouvait deviner une zone un peu plus sombre au niveau de son entrejambe.
Là encore, cela laissait peu de place au doute. Surtout pour moi qui connaissais le profil de son « ticket de métro » !

Voir ma femme déambuler quasi nue sous le feu croisé de trois paires d’yeux lubriques me dérangeais fortement.

D’autant qu’elle semblait, elle, y prendre un plaisir certain.
Certes, comme l’avait souligné ce connard de Bastien, Margaux n’avait en général pas spécialement froid aux yeux.
Sans être exhibi, elle n’était pas non plus pudique. Il lui arrivait régulièrement de faire du top-less sur la plage.
Seulement là, compte tenu de ce qu’il s’était passé pendant la nuit puis la matinée, c’était totalement différent.
Sans faire preuve de paranoïa, j’avais nettement l’impression qu’elle allumait volontairement les trois autres.

Et cela ne s’arrangea pas lorsque je la surpris à glousser et à réagir comme une ado excitée à deux ou trois attouchements peu discrets d’un Théo profiteur.

Indéniablement, Margaux s’amusait de la situation et cela ne me convenait pas du tout.
Il fallait que je lui parle seul à seul mais impossible de s’isoler un seul instant avec ces trois vautours qui lui tournaient constamment autour.

Je n’avais qu’une hâte : Qu’ils plient les voiles fissa et qu’on puisse enfin mettre les choses au clair avec Margaux.
Mais ils ne semblaient pas du tout pressés de déguerpir…

Tu m’étonnes !!

Cette fois, je n’allais pas me faire avoir !

Sitôt le repas terminé, j’ai investi une chaise longue.

Charge aux autres de débarrasser. Moi, j’en avais marre de jouer les pigeons.

A table j’avais ostensiblement fait la gueule.
Si ça pouvait faire comprendre aux intrus qu’ils n’étaient plus les bienvenus ici, le message serait passé.

Las ! Cela ne sembla pas les perturber le moins du monde. Ils m’ignorèrent tout aussi ostensiblement.

D’autant que Margaux envoyait le message rigoureusement inverse : Pimpante et enjouée, elle monopolisait l’attention (ce qui n’était pas difficile) et n’avait de cesse de proposer des activités de groupe pour l’après-midi : « – Et si on allait à la plage ! … Et si on faisait ça ! … Et si on allait visiter ça ! … Vous n’êtes pas pressés de repartir, n’est-ce pas ? ! »

Pour sûr, les gars n’en demandaient pas tant.
Dévorant ma chérie des yeux, ils accueillaient favorablement chaque proposition, pour peu que celle-ci leur permette de rester un peu plus longtemps en compagnie de la belle.

De leur côté, ils jouaient une partition maintenant habituelle : Fabien et sa tchatche envahissante amusait la galerie, Théo et sa tête de chanteur à minettes italien couvait ma femme de son regard de cocker, quant à Bastien, il semblait toujours plus absorbé par son portable que par la conversation et c’était aussi bien ainsi.

Lorsque Margaux vint s’allonger sur la chaise longue voisine j’éprouvai un soulagement certain.
J’avais eu peur qu’elle me laisse seul dans mon coin tandis qu’elle irait fumer avec Théo un peu plus loin.

Toutefois, il ne fallait pas que j’espère me retrouver en tête à tête avec elle pour autant…
A l’instar d’une bande d’ado boutonneux ayant repéré la seule nana potable de la boum, ils s’agglutinèrent autour, de peur de laisser passer leur chance :
Théo approcha une chaise et s’installa à côté de Margaux, Fabien s’allongea sur la portion de muret au soleil, juste derrière nous et après avoir tourné un peu, Bastien finit pas s’asseoir à même le sol, juste en face de nous.

« – Allez, on fait une petite pause, les gars. De toute façon, à cette heure, il fait trop chaud pour aller où que se soit ! … Mais après on bouge, hein ! »
Ma parole ! Mais elle s’emmerdait avec moi, ou quoi ?!

« – Yep ! Moi, je vais me taper une petite méridienne au soleil ! » Répondit Fabien en baillant déjà.
« – Moi, je me taperait bien autre chose… » Renchérit Bastien, toujours aussi subtil, en lorgnant sur la poitrine de ma voisine.

Rapidement privée du moteur que constituait Fabien, la discussion ne fut guère animée. Chacun semblait gagné par la torpeur de ce début d’après midi étouffant.
Seul Bastien continuait à assurer un semblant d’activité en manipulant son inséparable téléphone avec une constance sans faille.

A le voir appuyer frénétiquement sur l’écran tactile, je me disais qu’il relevait d’une question de santé publique de donner ses coordonnées aux organismes pseudo gouvernementaux qui « enquêtent » sur les méfaits de la téléphonie mobile : Ce type était la preuve vivante que l’usage abusif de ce genre d’appareil cause des dommages irrémédiables à la santé mentale de leurs utilisateurs.

Toutefois, je dus réviser mon jugement…

En repérant de fréquents coups d’œil furtifs de Bastien vers Margaux, je finis par comprendre que l’activité était bien moins niaise qu’il n’y paraissait au prime abord : Placé en contrebas, juste en face d’elle, le petit futé avait adopté une position stratégique.
D’où il était, j’étais prêt à parier qu’il espérait entrevoir l’entrecuisse dénudé de ma femme et qu’il comptait utiliser la fonctionnalité appareil photo de son mobile pour immortaliser l’instant !

Fort heureusement, Margaux ne lui en laissait pas le loisir.
Consciente ou pas du voyeurisme actif de son « ami », elle maintenait ses jambes serrée l’une contre l’autre.
Mais le gars ne se décourageait pas pour autant. Adoptant l’attitude patiente et butée du mérou attendant une hypothétique proie, il espérait.

***

Malgré ma volonté de garder un œil sur ces trois énervé du slip (ou en tout cas, deux), ma courte nuit commençait à peser sur mes paupières et je sentais la langueur de l’instant engourdir mes synapses.

D’ailleurs, je n’étais pas le seul : Théo piquait régulièrement du nez et Margaux finit par sombrer à son tour.

Puisque tout le monde semblait baisser pavillon, ma vigilance laissa à désirer, elle-aussi.

Et je ne me sentis pas partir…

Je me suis réveillé encore étonné de m’être assoupi mais déjà l’esprit en alerte.
Je sentais que l’environnement autour de moi avait changé. J’avais dû dormir beaucoup plus longtemps que je ne le pensais au départ.

J’étais tout seul… La chaise longue à côté de la mienne était vide. De même que le siège occupé auparavant par Théo.
Bastien n’était plus assis en face et il n’y avait pas plus de Fabien allongé sur le muret…

Mais ces deux là n’étaient pas loin : Ils semblaient bizarrement affairés devant la fenêtre qui donnait sur la chambre… comme s’ils essayaient de distinguer l’intérieur à travers les persiennes.
Je n’arrivais pas à comprendre ce qu’ils trafiquaient et me redressai donc sur mon siège.

Leur occupation ne m’aurait pas paru si suspecte s’ils ne s’étaient empressés d’afficher sur leurs faciès coupables une désinvolture trop évidente pour être honnête dès qu’ils se rendirent compte de mon réveil.
Fabien se fendit même d’un « – AHH, ERWAN ! TE VOILA ENFIN REVEILLE ! ON T’ATTENDAIT !! » Dont la duplicité n’avait d’égal que le ton exagérément fort avec lequel il s’était exprimé.
Quel besoin avait-il de gueuler comme ça ?

L’absence conjointe de Théo et Margaux… les deux autres aussi innocents qu’un couple de renards avec des plumes dans le bec…
J’avais beau avoir l’esprit encore un peu envasé par la sieste impromptue, il ne me fallut pas longtemps pour assembler les morceaux du puzzle et pour comprendre qu’il se tramait là-bas quelque chose de pas très catholique…

Je me levai et me dirigeai vers la maison avec la ferme intension de mettre ça au clair…

Dans la cuisine, je tombai sur une Margaux ébouriffée et passablement affolée, se démenant avec un dernier bouton.

Nous nous sommes arrêtés, l’un en face de l’autre, à deux trois mètres d’écart.
Elle est restée interdite, muette, tandis que mon regard allait de sa jolie robe chiffonnée, boutonnée de travers, à la porte entrouverte de la chambre qui se refermait lentement…

« – Qu’est-ce que tu fais ? »
« – Ben… euh… on a décidé d’aller à la plage… On t’attendait… Je suis rentrée mettre mon maillot… »
« – Et Théo. Il est où ? »
« – Il… Il dort dans la chambre… Il… Il avait trop chaud dehors… »
« – Et tu t’es changée là ? Devant lui ? »
« – Ben oui… Puisqu’il dort… »

C’est là que j’aurais pu péter mon scandale…
Lui dire qu’il ne fallait pas me prendre pour un con…
Lui jeter à la face que j’avais très bien pigé qu’elle avait profité de la première occasion pour aller de nouveau se faire sauter par son amant… et sous les yeux des deux autres affreux, qui plus est !
Lui dire que ça commençait à bien faire et que j’en avais marre d’être le dindon de la farce !

Mais elle avait ce regard …
Cet éclat dans l’œil, craintif et suppliant…
Ce regard qui disait : « Crois-moi, chéri, s’il te plait… Ne fous pas tout en l’air… J’ai besoin que tu me laisses sauver les apparences… »

Je n’ai jamais pu résister à son air de biche apeurée…

Après tout, elle disait peut-être la vérité… Et les deux autres avaient peut-être juste essayé de la mater en train de se déshabiller…

Alors j’ai bougonné :
« – Pfff… OK…
Mais reboutonne-toi correctement, au moins… »

*****

Assis à l’arrière de la voiture qui nous emmenait à la plage, je me disais que je n’aurais peut-être pas dû accepter de les accompagner. Je sentais que cette escapade balnéaire n’allait pas plus me convenir que ce qui était arrivé depuis que les trois lascars avaient débarqué dans notre douce retraite.

Mais que pouvais-je faire d’autre ?
Les laisser aller tous les quatre sans moi, c’était leur donner un blanc seing pour continuer à dévoyer ma femme, dans un univers où les corps à demi dénudés exacerbent le moindre érotisme latent.
Alors chauds comme ils étaient, je ne pouvais me le permettre.

D’autant que resté seul, je n’aurais pu m’empêcher d’échafauder les pires scénarios. Et ça, je savais que ça m’aurait rongé la moelle.

Alors, de deux maux, j’avais choisi le moindre…

Margaux était à mes côtés.
Théo complétait la banquette arrière.
Assise entre son homme et son amant, je me demandais ce que ma femme pouvait bien penser dans sa jolie petite tête. Ca devait être un foutu bazar là-dedans !

D’autant que ladite jolie tête était pour l’heure tendrement appuyée sur mon épaule.

Ce qui ne manquait pas de m’envoyer sur des interrogations kafkaïennes…
Elle n’hésitait pas à aller tirer un coup avec l’autre dès que l’occasion se présentait… pour mieux me revenir et se faire chatte avec moi l’instant d’après…

Plus ça allait, plus je me demandais si elle ne voulait pas finalement et tout simplement le beurre et l’argent du beurre…

Sauf que moi, cette situation n’allait pas franchement me convenir très longtemps.
Il allait bien falloir que je me décide à le lui dire entre quatre yeux !

***

Nous sommes arrivés à l’heure où les familles commencent à plier serviettes, parasols, sacs, jouets et tout le toutim, ce qui nous laissait un peu plus de latitude pour trouver un emplacement un peu dégagé.

A peine installés, j’ai laissé les quatre autres se ruer vers la mer comme s’ils n’avaient jamais vu ça de leur vie.
Moi, j’ai pris mon temps pour étaler ma serviette sur le sable avant de les rejoindre…

C’était finalement une bonne idée.
Se baigner dans une eau relativement fraiche en cet après-midi déjà bien avancé était somme toute bien agréable après la canicule subie tout au long de la journée.
Surtout que là, je n’avais pas besoin de surveiller particulièrement Théo et Margaux. Il ne risquait pas de se passer quoi que ce soit de tendancieux.
Les garçons chahutaient entre eux et Margaux riait à leurs pitreries.

Au bout d’un bon moment, nous finîmes par revenir nous étendre sur nos serviettes et profiter des rayons d’un soleil encore bien généreux à cette heure.

Margaux fut la dernière à sortir de l’eau.
Bien évidemment, les trois gars ne se privèrent pas d’admirer les courbes parfaites de la naïade qui s’avançait lentement vers eux. D’autant que le maillot de bain deux pièces minimaliste soustrayait diablement peu de centimètres carrés d’épiderme aux regards masculins.

Et lorsqu’une fois arrivée devant nous, elle se campa sur ses jambes et releva ses bras en arrière afin de presser sa chevelure détrempée, on pouvait même dire que le fin lycra marron ne servait plus à grand-chose tant il épousait parfaitement les reliefs supposés secrets… aussi bien en haut où les deux belles rondeurs dardaient fièrement leurs tétons au centre d’aréoles frissonnantes… qu’en bas où la fente intime de ma chérie se dessinait fidèlement sous le renflement charnu de son adorable mont de Vénus.

Mais la belle ne paraissait pas se rendre compte du quadruple hommage rendu à sa plastique irréprochable.
Elle-même semblait en proie à un certain trouble mystérieux qui lui faisait rosir les joues et fixer de manière soutenue un endroit précis…

Suivant l’axe de son regard vers l’un des trois gars allongés sur leurs serviettes, je compris rapidement qu’elle était la cause de son émoi :
L’eau qui avait si judicieusement plaqué son maillot sur la poitrine et l’entrejambe de Margaux avait provoqué rigoureusement la même conséquence sur le caleçon de bain un peu lâche de Bastien, moulant de façon quasi anatomique le membre ramolli du garçon, à tel point qu’on aurait pu lui voir la religion !

Et là, force était de constater que la nature est parfois injuste.
Il est un fait acquis que la baignade dans une eau fraiche n’est en général guère flatteuse pour la gent masculine… Toutefois, cela ne semblait pas le cas pour Bastien. Car même manifestement au repos, le saucisson qui lui remplissait le calbut s’avérait déjà au moins aussi large et aussi long que ce qui me servait d’organe reproducteur en pleine forme !

Je sais, c’est puéril et complètement vain de faire des comparaisons sur ce sujet. Mais comment s’en empêcher lorsque la différence est aussi flagrante ?
Et l’idée que ce con fini puisse se vanter à raison de ses mensurations me mettaient dans un état de frustration maximal, surtout après ce qui s’était passé depuis la nuit dernière.
Encore heureux que ce ne fut pas avec lui que margaux ait couché !

D’autant que lorsqu’il s’aperçut de l’attention particulière dont il faisait l’objet, le sombre idiot en rajouta : Il écarta les jambes et adopta un sourire torve qui semblait vouloir dire : « T’as vu le morceau, bébé ? C’est quand tu veux pour y goûter ! »

Ecœurant !

Mais si elle détourna enfin les yeux d’un air gêné, Margaux n’en avait parue pas moins déstabilisée par l’aperçu de la monstrueuse bidoche.

Heureusement, elle finit par s’allonger à son tour et l’intermède « championnat de caleçon mouillé » fut enfin clos !

« – Dis, Margaux tu veux que je te passe de l’huile solaire sur la peau ? »

Ah je m’y attendais à celle-là !
Quelle meilleure occasion de peloter ma femme sous mes yeux en toute impunité !?

« – Ah oui ! Moi aussi, je veux bien ! »
« – Ah non ! Moi ! »
« – Calmez-vous les gars ! » Gloussa-t-elle « De toute façon, j’en ai pas besoin : Je suis suffisamment bronzée et le soleil tape déjà moins ! »

Et toc !!

*****

Ils étaient tous repartis à l’eau.
Pas moi. Plus tellement envie de surprendre un éventuel regard condescendant sur mon bas ventre humide.
J’étais, comment dire… un peu éteint.

Par contre, j’étais bien le seul !
Dans l’eau, ça chahutait à tout va.
Et Margaux n’était pas en reste : Elle s’amusait à mettre la pagaille entre les mecs, appuyant sur la tête de l’un ou de l’autre pour les faire couler, ce qui déclenchait une inévitable et joyeuse riposte.

Nul doute qu’ils en profitaient immanquablement pour avoir les mains baladeuses sous le niveau de l’eau mais, au point où j’en était arrivé, je ne m’en formalisait plus vraiment.
De toute façon, Margaux allait encore revenir en m’octroyant son large sourire qui me dirait : « T’inquiète pas Erwan, c’est toi que j’aime ! » et je ne pourrais rien rétorquer à ça.

Soudain, une exclamation masculine me tira de ma torpeur :
« – Ah la garce ! Elle m’a descendu le maillot ! … Vengeance !!! » Hurla Théo tandis que Margaux s’éloignait en riant à pleine gorge.

Evidemment, la « vengeance » fut disproportionnée par rapport à l’« offense » reçue.
A trois contre une, le combat était inégal et perdu d’avance.
Malgré une fuite agile de la jeune fille, les trois mâles finirent par la ratt****r et sans se soucier de ses cris hystériques qui alarmèrent un peu les derniers estivants restés sur la plage, ils entreprirent de lui faire subir le même sort… mais jusqu’au bout, cette fois.
Si bien qu’en quelques secondes, immobilisée par Bastien et chaque jambe soulevée par Fabien et Théo, tandis qu’elle se débâtait, éclaboussait, protestait et hurlait, elle se retrouva dépossédée manu militari de son inoffensif deux pièces.

« – Salauds ! Rendez-moi mon maillot !! » Cria-t-elle lorsqu’ils l’eurent relâchée au milieu de leur triangle hilare.

Se cachant la poitrine d’un bras, elle pestait et protestait mais personne n’était dupe : Elle s’amusait aussi de l’outrecuidance des garçons.

Ceux-ci se lançaient à tour de rôle leur trophée afin de le maintenir hors de portée de leur victime qui tentait malgré tout de l’intercepter lors des échanges.
Comme pour se faire, elle devait sauter et tendre les bras vers le haut, cela ravissait les trois goujats ainsi que les plagistes les plus proches qui devaient bien se régaler de ce spectacle potache.

D’autant que les gars se rapprochèrent distinctement de la rive, obligeant ainsi Margaux à les suivre dans une profondeur ou la limite du clapot flirtait dangereusement avec le niveau de son bas ventre ce qui la contraignait régulièrement à poser une main pudique sur sa toison et rendait vaine toute tentative d’interception.

Lorsqu’elle atteignit un point où elle devait se tenir à moitié accroupie pour rester cachée dans l’eau, elle me supplia d’intervenir pour abréger son « calvaire » : « Erwan ! Fait quelque chose ! ! »

De mon côté, depuis le début, j’étais partagé entre deux attitudes.
D’une part j’avais très envie de mettre le haut-là à cette mascarade mais en même temps, j’estimais que Margaux n’avait que ce qu’elle méritait et qu’elle n’avait qu’à se démerder elle-même, surtout qu’elle ne semblait pas si malheureuse que ça.

Mais Théo jugea le moment opportun pour négocier une « sortie de crise » :
« – OK, la miss, on te rend ton maillot mais qu’est-ce que tu nous donnes en échange ? »
« – Tu veux quoi ? »
« – Un bisou ! »
« – OK ! »
« – A chacun ! »
« – D’accord. »
« – Sur la bouche évidemment ! »
« – Hé ! Ho ! Pourquoi pas avec la langue pendant que vous y êtes ! »
« – Ben bien-sûr avec la langue ! »
« – Ca va pas ! Allez vous faire foutre ! »
« – OK ! » Et ils firent mine de s’en aller.
« – Non-non ! Attendez ! Revenez ! C’est d’accord bande de salauds ! De toute façon, je n’ai pas le choix. »
« – Hé-hé ! Alors par qui tu commence ? »
« – Fabien. »

L’intéressé d’habitude si à l’aise parut presque emprunté lorsqu’il s’avança vers Margaux.
Ils échangèrent un baiser plutôt chaste et furtif.

Bastien lui ne s’embarrassa pas de fioritures : Il attrapa gaillardement ma femme et happa sa bouche avant qu’elle n’ait pu amorcer le moindre recul.
Ses mains glissèrent rapidement sous la surface de l’eau et je les imaginais en train de tâter avec gourmandise les petites fesses nues lorsque la jeune femme le repoussa :
« – Hé ! Bas les pates, profiteur !! C’était pas dans le deal, ça ! »

Quand vint le tour de Théo, je ne pus maîtriser un frisson glacial lorsque je découvris de visu la matérialisation de ce que j’avais entendu la nuit précédente.
Je vis presque au ralenti Margaux écraser doucement sa poitrine nue contre le torse du bellâtre et l’enlacer amoureusement pour un long baiser passionné.
Et lorsque l’ersatz de latin lover descendit lui aussi les mains plus bas que ses hanches, elle ne le repoussa, lui.
Visiblement, le deal n’avait pas la même valeur pour tous les participants.

En revenant s’assoir sur la plage le sourire aux lèvres, tandis que Margaux se rhabillait maladroitement dans l’eau, Théo m’adressa un sourire à demi désolé :
« – J’espère qu’on ne t’a pas choqué, Erwan, c’était juste pour rire : Une bonne blague en toute camaraderie ! »

Ben voyons ! Mais c’est bien sûr ! Pourquoi m’en ferais-je ! C’était comme quand tu t’es farci ma fiancée, la nuit dernière : Une bonne blague en toute camaraderie !

Enfoiré !!!

*****

La séance de défroquage de ma dulcinée ayant satisfait les ardeurs des trois lascars, la fin de notre après-midi de plage fut heureusement un peu plus calme.

Seul Bastien s’activait encore :
« – Dites les gars, vous n’auriez pas vu mon portable ? Je ne le trouve plus. » Demanda-t-il en fouillant et refouillant ses affaires.
Pour ma part, j’espérais secrètement qu’il l’ait perdu dans le sable ou qu’un gamin lui ait subtilisé. Ca lui ferait les pieds !

« – Non, pas vu. Depuis quand tu ne t’en es pas servi ? »
« – C’était à la maison mais je me rappelle l’avoir pris avec moi dans la voiture. »
« – Ben il est peut-être resté dedans. Il a dû tomber sous un siège. »
« – T’as raison, je vais aller voir ! Tu me files les clefs ! »

Une fois le bourrin parti, le calme revint sur notre petit groupe.
Fabien contemplait l’horizon…
« – Dites, c’est quoi, ce gros truc tout la-bas ? » Demanda-t-il en désignant une masse blanche au loin, au bout de l’immense plage.
« – Ah ça, c’est un ancien bateau ! Il a été mis en cale sèche et désarmé. Il est maintenant réhabilité en casino et boite de nuit. »
« – Ouah ! Trop cool ! Ca vous dirait pas qu’on y aille ce soir ? »
« – Ah ouais !! Super idée !! » S’exclama aussitôt Margaux.

Et merde ! C’était reparti !

« – On pourrait même attendre sur la plage et béqueter ici. Pas besoin de retourner à la maison ! »
« – Oh ben non ! Faut que je me change, moi, je ne vais quand-même pas y aller en maillot de bain ! »
« – Bah, t’as qu’à l’enlever ! »
« – Bien-sûr, gros malin ! Ca ne m’étonne pas de toi, espèce de vicelard ! »
« – Non, puis en plus, c’est trop nul d’arriver en boite à 22 heures ! »
« – Ben en attendant, on pourrait aller jouer au casino. »
« – Ouais… et avec quel fric ? »
« – Ah oui, merde ! »
« – D’autant qu’il va falloir qu’on décanille, là, parce que Bastien n’est pas encore revenu et s’il cherche toujours après son portable, il est capable de nous désosser la voiture avec le zèle d’un douanier suisse ! » Conclut Théo en joignant le geste à la parole.

*****

Le retour de plage fut silencieux : Bastien était tombé dans une profonde déprime : Il n’avait pas retrouvé son mobile et commençait à se faire à l’idée qu’on lui avait chouravé sur la plage.
Ce qui ne manquait pas de provoquer les moqueries de ses petits camarades.

Une fois parvenus à destination, je fus le premier à descendre de voiture et à rejoindre la maison.
A peine arrivé sur la terrasse, je repérai la tache noire sur la table : Le con avait tout simplement posé son mobile là et oublié de le reprendre en partant.

Mon premier réflexe fut de le signaler aux autres mais je suspendis mon geste : L’occasion était trop tentante de faire chier le connard encore un peu… Je m’emparai du petit appareil noir et le glissai dans ma poche…

Vas-y ! Cherche Rex ! Cherche !

Un peu plus tard, alors que tous étaient occupés, je me suis éloigné un peu afin de m’isoler.
Puisque l’occasion se présentait, j’étais assez curieux de voir les photos que Bastien avait prises de ma dulcinée, plus ou moins à son insu.
Une chance : L’appareil n’était pas verrouillé !

Je passai sommairement sur une toute une galerie de portraits de personnes que je ne connaissais ni d’Eve ni d’Adam et arrivai assez rapidement sur la première montrant en plein cadre une Margaux rayonnante.
Elle datait de la veille au soir. Ce n’était que la première d’une longue série.
L’a****l avait littéralement canardé ma femme !
Sous tous les angles, dans toutes les postures.
A croire qu’il en était amoureux !

Certaines étaient réussies, d’autres beaucoup moins.
On ne pouvait pas dire qu’il était un as du cadrage.
Bien évidemment, comme je pouvais m’en douter, la plupart des clichés se focalisaient sur les jambes nues et le décolleté de Margaux…

En suivant le déroulement des photos, je revivais les différentes tenues adoptées par ma femme, de plus en plus affriolante, de plus en plus allumeuse depuis l’arrivée des garçons.

Le summum vint avec les prises faites le midi même où Bastien avait eu l’air particulièrement excité par l’annonce de l’absence de sous vêtements sous la robe vaporeuse.
Les clichés se multipliaient.

Sur certains on ne distinguait pas grand-chose, mais d’autres montraient assez nettement la courbe d’un sein ou une transparence équivoque.

De-ci-delà, on avait même une vue très dégagée…
Comme cette image qui montrait en contre plongée la poitrine nue de Margaux dont les petits tétons frôlaient le tissu de la robe.
Quand diable avait-il réussi à prendre cette photo ?!

Et je n’étais pas au bout de mes surprises car plus ça allait, plus le photographe amateur (et mateur) s’était enhardi :
Un cliché sur deux montrait au moins un bout de sein ou un bout de cuisse dénudée.
Il s’en était donné vraiment à cœur joie !

Ma respiration s’accéléra lorsque j’arrivais à un moment dont je me souvenais parfaitement : Celui où Bastien s’était assis devant la chaise longue de Margaux.

Là encore, moult captures détaillant tantôt les jambes de la belle, tantôt le joli visage de celle-ci qui s’endormait.

Alors que je commençais à me réjouir de constater qu’il n’avait effectivement pas réussi à capter ce qu’il voulait, à savoir l’entrejambe de ma femme, une série de clichés vint me contredire : Une série cadrée de manière identique qui montrait toujours la même chose mais dont seul un détail changeait imperceptiblement à chaque fois : La longueur de la robe de Margaux sur ses cuisses.

Oui, indéniablement, le petit malin avait profité de l’endormissement général pour « arranger » le décor à sa manière !
Chaque photo montrait plus que la précédente… révélant à chaque fois un peu plus de l’intimité de ma femme… jusqu’à ce que le bas de la robe finisse retroussé sur son ventre, dévoilant son petit ticket brun à la lumière du jour.

Quel culot !

Quel enculé !

Il s’était même permis de zoomer sur le mont de Vénus ainsi mis à nu !

Et quand on sait que les mobiles n’ont pas de zoom, ça me laissait imaginer à quelle distance se situait l’appareil au moment de la prise de vue !

Mais je n’étais encore pas au bout de ma peine…

Car sur le cliché suivant, la main du photographe apparaissait : Posée sur le genou de Margaux…
Et sur la série suivante, comme auparavant, j’assistai vue par vue à l’écartement progressif de la jambe de ma femme guidée par la main opportuniste.

Le salopard était gourmand.

Et il avait finit par obtenir se qu’il voulait : Un gros plan sur la rose de ma dulcinée. Une jolie petite rose aux lèvres ouvertes et luisantes, offerte au grand jour.

Moi qui m’offusquais de voir ma femme mise à nue dans la mer… ce n’était rien comparé à ça !
Pour peu que le salaud ait partagé son trophée avec ses potes, ils avaient eu tout le loisir de détailler l’intimité de Margaux bien avant et bien mieux!

Je redoutais maintenant l’ouverture de chaque nouvelle photo.

La suivante montrait un majeur s’approchant vicieusement de la petite cavité béante…

Non, je ne voulais pas voir ça !
Je ne voulais pas regarder les doigts de ce porc pénétrer ma femme !

A mon grand soulagement, cet ultime affront était le dernier.

Le voyeur avait-il été dérangé par quelque chose, par quelqu’un ?
En tous cas, c’était fini. Les images suivantes étaient floues et très sombres et ne permettaient de rien distinguer puis on retournait aux photos du début.

Quel cauchemar !
J’aurais mieux fait de ne pas regarder. C’eut été mieux pour moi.

Je comprenais mieux maintenant pourquoi l’enfoiré voulait récupérer son bien !

Je restai de longues minutes le regard dans le vide en manipulant machinalement l’inique appareil…

C’est presque par hasard que mon regard tomba sur le menu principal et ses petits icones caractéristiques… dont une qui montrait une pellicule de cinéma…

Bon sang ! Il y avait aussi une fonction vidéo !

Etrangement, il n’y avait qu’un fichier enregistré.
Comme si on avait voulu faire de la place.

Un peu fébrile, je lançai la lecture.
Les premières images ressemblaient fortement aux dernières photos : floues et très sombres. Difficile de distinguer quoi que ce soit et le son n’était pas très bon…
Mais peu à peu, j’arrivai à discerner des formes, des mouvements… et des sons.

Et lorsque je réalisai ce que j’avais sous les yeux, mon cœur s’arrêta.
Tous les morceaux du puzzle se mirent en place : Je compris ce qu’étaient sensées montrer les dernières photos sombres… Je compris pourquoi Bastien avait préféré passer sur la vidéo quitte à supprimer toutes celles qu’il avait faites avant afin de laisser de la place pour celle-là…
Et surtout, je compris ce que lui et Fabien étaient en train de faire lorsque je les avais surpris à mon réveil de sieste.

Car malgré la petitesse de l’écran, il n’y avait pas de doute possible. Ce que découvraient mes yeux ébahis s’était déroulé l’après-midi même :
Lorsque l’image ne tremblait pas, on distinguait maintenant assez nettement les fesses d’un homme s’agiter de manière caractéristique entre des jambes écartées.

Les fesses de Théo.

Les jambes de Margaux.

Bon dieu !

Ca n’aurait jamais dû me faire cet effet-là !

Après tout, j’avais été le témoin aveugle d’ébats équivalents la nuit précédente.
Mais le constater de visu était autrement plus choquant !

Voir les cuisses de Margaux accompagner les coups de reins de son amant, voir ses petites mains se crisper sur les épaules puissantes, entendre ses gémissements de plaisir à peine étouffés conférait à cet adultère une réalité extrêmement plus brutale et bouleversante que l’espèce de rêve à demi éveillé que j’avais vécu pendant la nuit.

Maintenant, je ne pouvais plus me voiler la face. Je ne pouvais plus ignorer que ma femme me trompait et qu’elle prenait un plaisir immense à le faire.

Abasourdi, j’ai continué à regarder l’abjecte copulation sans réellement la voir…
J’entendais les pouffements hilares des deux voyeurs qui couvraient parfois au premier plan les gémissements lointains de Margaux…

Puis tout s’arrêta brutalement. Sans doute au moment de mon réveil.

J’étais anéanti.
Je suis resté de très longues minutes assis sur mon petit tas de pierres, l’appareil devenu muet dans ma main.

Il allait me falloir du temps pour digérer ça.

En attendant, une initiative s’imposait : Plus personne ne devait voir ces images.
Je me suis levé et je suis retourné à la maison d’un pas décidé.

Problème : Comment effacer la mémoire d’un téléphone mobile quand on n’a pas le temps nécessaire pour le désosser ou le formater et qu’on n’est pas certain que, même détruit, un improbable concours de circonstances ne va pas conduire quelqu’un à en récupérer la carte mémoire ?

Recette : Placez ledit appareil dans votre four à micro-onde, réglez le thermostat au maximum pour une durée de 30 secondes… ne vous formalisez pas des étincelles et autres bruits bizarres qui pourraient intervenir… et attendez le « ding » final indiquant confirmation de l’issue fatale…

Je n’ai pu renoncer au petit plaisir de placer le téléphone en évidence à un endroit où il pourrait être repéré. Rien que pour voir la tête de Bastien lorsqu’il réaliserait que la joie de retrouver enfin son appareil chéri était finalement vaine, celui-ci étant devenu totalement inopérant.

Il serait ensuite facile d’expliquer que c’était normal qu’après tout un après-midi passé sous un soleil de plomb, celui-ci ait littéralement fondu ses circuits.

Petite vengeance mesquine certes, mais jubilatoire quand-même !

****

A notre arrivée en boite, je me suis dit que finalement, ce n’était pas une si mauvaise idée que cela.

En effet, vu la faune féminine qui se pressait pour entrer, il y avait fort à parier que les trois excités du slip auraient d’autre chats à fouetter et surtout d’autres chattes à renifler que celle de ma compagne.

Par contre, ce qui me désolait un peu plus, c’était que ladite compagne avait adopté le look standard allumeur de toutes les périputes de la soirée : Chaussée de petites sandales à talon, elle arborait un mini top sans manche en lycra qui moulait judicieusement sa petite poitrine visiblement en liberté ainsi qu’une jupe tout aussi mini et tout aussi moulante qui dessinait tout aussi parfaitement son magnifique petit cul.

Et je craignais donc, même si les trois la laissaient tranquille, qu’elle n’attise la convoitise d’autres mâles en rut, population en surnombre dans ce genre d’endroit.

Mais je me faisais du mouron pour rien : Pourquoi risquer de se prendre un râteau avec une donzelle inconnue alors que l’on a sous la main une jolie poupée dont on connait avec certitude la « largeur d’esprit » dont elle peut faire preuve ?

Voilà sans doute ce que se disaient les trois gus car ils passèrent une grande partie de la soirée avec Margaux.
Et sous prétexte de la soustraire à l’appétit vorace de certains morts de faim qui traînaient par là, ils se faisaient un point d’honneur à l’accompagner dès qu’un morceau la lançait sur la piste.

De mon côté, je gardais bien évidemment un œil vigilant sur ma femme mais dansais peu.

Notre petit groupe avait investi une table basse ainsi que les sièges autour et je passais le plus clair de mon temps assis derrière mon verre car j’étais régulièrement abreuvé par Théo.

Oh je voyais clair dans son jeu : Il espérait me saouler une nouvelle fois afin d’avoir les coudées franches avec Margaux.

Mais je tenais à rester lucide et ne buvais que « superficiellement ».

Margaux, elle, s’éclatait comme une folle.

A l’observer se trémousser et se déhancher au rythme des musiques électroniques pour le plus grand bonheur de ses chevaliers servants, je me demandais encore si elle faisait ça pour les allumer, pour me provoquer où si elle prenait juste du plaisir sans arrière pensée.
Ma nature inquiète avait bien une opinion mais quand elle me regardait et me lançait un de ses plus beaux sourires, je ne pouvais que fondre et me rassurer.

Malgré tout, lorsque je croisai le regard d’une jolie blonde qui m’octroya un clin d’œil des plus avenants, je ne réfléchis pas longtemps avant d’essayer de la brancher. Ne serait-ce que pour montrer à Margaux que moi aussi je pouvais m’amuser et aller tester mon sex-appeal avec une autre qu’elle.

Hélas ! Je n’avais ni le charme de Théo, ni la tchatche de Fabien.

J’avais dû me méprendre sur les intensions de la minette : Celle-ci me renvoya dans mes 22 sans coup férir et je me retrouvai bientôt dans mon fauteuil, encore plus dépité qu’avant, à surveiller Margaux lancée dans un corps à corps lascif avec Bastien.

D’ailleurs, à bien y réfléchir, c’était bien ce dernier qui monopolisait les duos avec ma compagne, et ce sous l’œil bienveillant de Théo.
Etrange de voir le bellâtre se laisser damer le pion par son pote sans protester…
D’autant que le roi de la gonflette en profitait largement : Il collait-serré Margaux dés que l’occasion se présentait… et l’occasion se présentait souvent !

Pour lui aussi, il était très facile de lire dans son jeu: En se frottant ainsi à la croupe de sa partenaire, il espérait évidemment lui montrer l’émoi qu’elle provoquait chez lui et lui faire sentir de facto les mensurations hors normes de son gourdin.

Pitoyable !

Heureusement, je savais Margaux assez intelligente pour ne pas se laisser avoir par des avances aussi grossières et dignes de la parade nuptiale du bonobo en rut.

Néanmoins, ce ne fut pas sans un certain étonnement que je repérai l’air particulièrement excité et le teint empourpré de Margaux lors de l’un de ses retours autour de la table.
En même temps, il est vrai qu’il est toujours agréable pour une femme de recevoir un tel hommage.
Et puis son attitude « aérienne » était-elle peut-être tout simplement due au plaisir de danser.

Encore une fois, j’étais bien niais.
L’expérience récente aurait dû me vacciner de cet aveuglement naïf, de cette indéfectible foi en la droiture humaine.

Il faut croire que ça ne suffisait pas… et qu’un rappel supplémentaire était nécessaire.

Après une dernière danse endiablée, Margaux nous quitta en prétextant un besoin urgent.
Nous l’avons laissée partir tandis que Fabien s’en allait lui aussi prendre son tour au bar pour un ravitaillement qui s’imposait.

Quelques instants plus tard, Bastien s’éclipsa à son tour en direction des toilettes.

Lorsque Fabien revint les bras chargés, il s’étonna : « – Tiens ! Ils sont pas encore revenus depuis le temps ! Ils sont bien longs ! »

« – Ouais ! Bien long, en effet… » Répondit Théo avec un sourire entendu.

Ce fut ce sourire bizarre qui fut pour moi le révélateur de l’inique évidence…

Non !! Pas ça !!!!

Non, pas lui !

Pas Margaux !

Pas ma chérie avec ce gros con !

Je me suis levé d’un bond sous le regard goguenard des deux autres.

Non, je ne pouvais pas laisser faire ça !

Hagard, je me suis précipité vers les toilettes.
Déjà je les imaginais.
Je visualisais Margaux poitrine dénudée, la jupe remontée sur les hanches, adossée au mur d’une cabine, en train de se faire prendre debout par l’ignoble connard dont le fut’ serait descendu aux chevilles.

J’ai fait irruption dans les gogues pour hommes en claquant la porte.
Sous l’œil ahuri de la population locale interrompue en plein shoot, j’ai inspecté les dessous des portes de chaque cabine pour vérifier qu’aucune ne renfermait deux paires de jambes.

Sans succès.

Bousculant une bienséance dont je n’avais plus rien à foutre, j’ai renouvelé l’opération du côté des filles non sans déclencher une salve de protestations outrées.

J’ai fait mouche dans la cabine du fond.

Mais le couple illégitime surpris en pleine action n’était pas le bon !
J’ai reclaqué la porte avant que la fille n’ait eu le temps de cracher le truc qu’elle avait au fond de la gorge.

Où pouvaient-ils bien être ?!

La boite était bien trop grande et bien trop peuplée pour entreprendre une recherche efficace.

J’ai erré dans les couloirs sombres en revenant régulièrement vers la salle principale pour vérifier qu’ils n’étaient toujours pas là.
Mais qu’est-ce qu’ils foutaient ?!!

Maintenant, je n’avais plus envie d’imaginer.

Je me faisais v******e pour chasser les scènes qui me venaient à l’esprit…
Mais lorsque je fermais les yeux, la vidéo interceptée sur le portable de Bastien me sautait aussitôt au visage et je revoyais ses jambes écartées au maximum, secouées en cadence, ses petites mains crispées sur les épaules puissantes de son amant…

Le voilà !

J’aperçus Bastien qui revenait à l’autre bout de la salle.

A sa démarche triomphante et son air satisfait je sus que l’irréparable avait été commis.
Lorsqu’après avoir échangé trois mots avec les deux autres je les vis se taper dans les mains tels des basketteurs fiers d’avoir réussi un improbable dunk, l’écœurement me saisit. Il n’y avait plus de doute possible.

Margaux suivait de peu, la démarche indécise, titubant presque, l’air hagard.
Elle ne semblait même pas se rendre compte qu’une de ses fines bretelles n’était pas correctement replacée et que le haut de son top ne couvrait quasiment plus son sein droit.

Elle se laissa tomber dans un des fauteuils et but d’un trait le verre qui lui était offert.

Je ne sais pas ce qui m’a poussé à aller retourner m’asseoir avec eux.
Sans doute un masochisme démesuré. Car je savais bien que j’allais essuyer une nouvelle vague de quolibets de moins en moins discrets.

Mais je voulais rester proche de Margaux. Ne serait-ce que pour la scruter plus facilement.

Cette fois-ci, elle semblait vraiment gênée. Elle fuyait systématiquement mon regard dès que je tentais d’accrocher le sien.

C’est à ce moment là que j’ai commencé à sérieusement picoler.

Je réalisais que j’étais en train de la perdre.

Jusqu’à lors, j’avais espéré qu’en lui laissant un peu de liberté, je ne ferais que la rapprocher de moi, qu’elle me reviendrait encore plus amoureuse avec même peut-être ce petit sentiment de culpabilité qui me donnerait un certain avantage…

Mais là tout avait changé.

Qu’elle ait craqué pour un beau gosse dont elle avait été amoureuse par le passé, ça je pouvais le comprendre, sinon l’excuser, mais qu’elle se donne à ce gros con sous prétexte qu’il était anormalement membré, ça me dépassait.

Ce n’était plus la Margaux que je connaissais… pas celle que j’aimais depuis trois ans.

D’ailleurs, à la voir s’enfiler elle aussi des verres entiers d’alcool fort, je me disais que ça aussi c’était une autre Margaux. D’habitude elle tenait à rester relativement sobre, même dans les soirées débridées.

Peut-être avait-elle besoin de ça pour encaisser ce qu’elle venait de faire…

Ils finirent par retourner danser.

Moi, j’en étais totalement incapable.

Tout comme j’étais incapable de compter les verres qui s’accumulaient devant moi.

Je ne sais plus comment je me suis retrouvé dans la voiture.
Est-ce que j’y étais arrivé par mes propres moyens ou m’avait-on « assisté » ?
C’était trop confus.

Je me suis comme « réveillé » assis sur le siège passager, la tête ballotant contre la vitre.
Fabien conduisait.

Derrière, ça rigolait et gloussait sans vergogne.
Je n’avais ni l’envie ni la force de me retourner pour voir ce qu’il s’y passait.
Je me doutais bien que Margaux était l’objet d’une étroite attention entre ses deux baiseurs…

« – Vas-y Fab’, appuies sur le champignon ! J’ai hâte de remettre ça : C’était trop bon tout à l’heure ! »
« – Hé ! T’exagère, Bast’, j’suis déjà bien gentil de conduire et de vous laisser vous amuser à l’arrière ! Moi, j’y ai encore pas eu droit ! »
« – T’inquiète ! Une fois là-haut, ce sera à toi l’honneur… Tu vas voir, ça vaut le coup ! L’avantage avec les petites bites c’est que leurs nanas restent bien étroites… c’est vraiment le pied ! »
« – Un peu de discrétion, les gars : Y a Erwan… »
« – Bah ! T’en fait pas : Il est complètement hors course, le pépère. On a le champ libre !
Et c’est qui qui va bien s’amuser, cette nuit ? C’est la petite Margaux ! Hein chérie ! »

Un gloussement étouffé ponctué par un smac sonore.

« – Allez raconte à Fabien comment t’as pris ton pied, dans la boite ! »
« – Arrête, Bastien ! T’es bourré ! »
« – Moins que toi, ma belle, parce que question bourrage, t’as eu ta dose, tout à l’heure, non ?… Tu l’as senti passer mon trombone à coulisse, n’est-ce pas ? »
« – Hmmm ! Ah ça oui ! »
« – Ouais, c’est bon Bast’, on le sait que t’es monté comme un âne ! »
« – Ben ouais, Que veux-tu Théo, j’y peux rien si toutes les nénettes grimpent aux rideaux en trois secondes chrono avec moi !
Et Margaux n’a pas fait exception : Je ne l’ai même pas déculottée : J’ai juste écarté la culotte et je l’ai enfilée comme ça, tout debout contre le mur ! Au bout de dix secondes, elle gueulait tellement qu’elle a rameuté cinq ou six mecs qui zonaient par là.
Y en a même qui se sont mis à se palucher en voyant le spectacle.
En même temps, j’aurais fait pareil parce que voir une nana à moitié à poil se faire tringler comme une folle par un athlète, ça laisse personne de marbre !
Hé ! Fais pas ta timide, ma jolie ! Y a pas de honte : T’étais super bandante avec tes petits seins qui s’agitaient comme ça !

Par contre, heureusement que j’étais là parce qu’après, il y en avait deux ou trois qui se sont approché un peu trop près… A coup sûr, ils espéraient prendre la suite, ces connards !… Mais j’te les ai envoyé paître recta !
Non mais ! Ils l’on prise pour la salope de service, ma parole ! »

« – Alors que c’est juste notre petite Margaux rien qu’à nous, hein ! »
Conclut Théo avec un bruit de baiser baveux.

J’aurais voulu me boucher les oreilles.
La nausée qui me prenait n’avait rien à voir avec la dose d’alcool ingurgitée dans la soirée.

*****

Les phares de la voiture finirent par illuminer la façade de la maison…

« – Ah enfin ! C’est pas trop tôt ! J’ai le braquemart au garde à vous depuis vingt bornes, moi !
Allez, tu viens ma poulette !
Non, t’emmerde pas à le remettre, tu vas plus en avoir besoin de la nuit : On va s’occuper de les réchauffer, tes petits lolos, hein les gars ! »
« – Pour sûr ! »
« – J’suis trop faite ! J’arriverai pas à tenir debout ! Hi hi ! »
« – Qu’a cela ne tienne ! On va t’aider ! Hop-là ! »
« – Wouhh !! »
« – Hé ! Qu’est-ce qu’on fait d’Erwan ? »
« – Bah ! Laisse le où il est. Il roupille. De toute façon, il n’a pas besoin de voir ce qui va se passer maintenant ! Hé-hé ! »

Ils claquèrent les portières et je n’eus que le temps d’entrevoir Margaux, à demi nue, emportée dans les bras du costaud.

Il avait raison : Je n’avais pas besoin de voir pour savoir ce qui allait se passer dans la maison… Et je n’en n’avais pas la force non plus…

Toutefois, je me fis v******e et au prix d’un effort conséquent, je m’extirpai doucement du véhicule.

Je ne voulais pas voir mais il le fallait.
Car si le reste était sans doute perdu, je devais cependant m’assurer d’une chose… je redoutais qu’ils n’abusent de l’ivresse avancée de Margaux pour lui faire faire des choses contre sa volonté…

Je n’aurais sans doute pas dû me sentir aussi concerné. Après tout, au point où on en était, elle pouvait aller au diable et se faire foutre par bon lui semblait mais je n’arrivais pas à me détacher si facilement. C’était ma femme, merde !

Alors, je me suis approché silencieusement de la fenêtre éclairée, prenant à mon tour le rôle du voyeur derrière les persiennes…

Il n’y avait pas eu de round d’observation.

Margaux était allongée en travers du lit, totalement dénudée.
Fabien allait et venait déjà en elle.

Agenouillés près de ses flans, les deux autres présentaient leurs phallus érigés et elle s’y agrippait comme à deux poignées de soutien tandis que le troisième la pilonnait frénétiquement.

A travers la vitre close, je l’entendais gémir son plaisir…
Elle braillait même par moment… enfin, lorsqu’elle avait la bouche libre…
Car elle en profitait aussi pour gober alternativement l’une ou l’autre des grosses queues qui se tendaient pour elle.

Non, il n’y avait pas de doute possible : Elle ne semblait pas le moins du monde forcée en quoi que ce soit. Elle participait de son plein gré à cette débauche orgiaque.
Pire : Elle menait la danse !

Car lorsque Fabien eut fini de s’épancher en longs jets blafards sur son ventre velouté, ce fut elle qui désigna Bastien pour lui succéder entre ses jambes tandis qu’elle mettait un soin particulier à nettoyer à grands coups de langue la verge ramollissante de son troisième amant.

Bastien avait effectivement un sexe énorme.
En le voyant s’enfoncer tout de go dans l’entrecuisse de celle que j’appelais encore ma femme, je me demandais comment il faisait pour ne pas lui faire mal, pour ne pas lui déchirer les tissus.
Mais non.
Le cri qu’elle poussa au moment de se faire embrocher comme une vulgaire volaille n’avait rien d’un cri de douleur mais plutôt un feulement de plaisir démesuré.

Et tandis que Margaux hoquetait sous les puissants coups de butoirs d’un Bastien aux anges, c’est presque inconsciemment que je glissai une main dans mon pantalon pour saisir une érection que je n’avais même pas senti arriver.

Et je me suis branlé.

Je me suis branlé en regardant les trois affreuses bites se succéder dans la bouche de ma femme, dans le sexe de ma femme… dans le fondement de ma femme.
Je me suis paluché en la regardant sucer avidement les verges offertes et avaler la semence des trois traitres.

Je me suis masturbé en regardant les trois ignobles crier leur plaisir tout au fond d’elle ou répandre leur foutre sur sa peau dorée, sur ses petits seins pâles, sur son visage extatique ou dans ses cheveux emmêlés.

Et par deux fois, j’ai souillé le mur de la maison comme elle souillait notre amour bafoué.

J’aurais dû m’en aller, arrêter de me faire du mal, arrêter de mater cette orgie immonde, cette débauche de sexe abjecte mais j’en étais incapable.
Il fallait que je reste.

Il fallait que je voie de mes yeux l’énorme verge de Bastien écarter les chairs tendre, s’enfoncer et expulser le sperme qui s’y trouvait déjà pour mieux y déverser son propre flot.

Il fallait que je constate le bonheur de Margaux lorsqu’elle se fit pénétrer à la fois par devant et par derrière. Il fallait que j’entende ses cris d’extase alors les deux colonnes de chair dilataient atrocement sa petite vulve et son anus dans un même élan.

C’était presque hypnotique.
Sans un improbable électrochoc, j’allais rester là jusqu’au bout, jusqu’à la fin, lorsque les quatre protagonistes s’arrêteraient épuisés, le corps luisant de sueur et de foutre.

Mais l’électrochoc vint… sous la forme d’un regard : Un regard triomphant de Théo dans ma direction. Comme s’il me voyait, comme s’il savait que j’étais là à regarder sans rien dire ma femme se faire prendre par tous les trous comme une nymphomane hystérique.
Ce regard disait : « Alors le cocu, on se rince l’œil ?! »

Ca m’a fait l’effet d’une douche froide.
Je me suis jeté en arrière puis je suis resté immobile quelques minutes avant de faire quelques pas dans la pénombre.

J’étais tout d’un coup déconnecté de la réalité. Je ne ressentais soudain plus aucune empathie pour ce qui se passait dans la chambre.
Ou peut-être avais-je dépassé la limite acceptable, peut-être avais-je déjà trop encaissé pour pouvoir en supporter plus.
Je ne savais pas.

Me déplaçant dans la demi-obscurité comme un robot téléguidé, je suis rentré dans la cuisine.

L’esprit vidé, j’ai regardé longuement le distributeur à couteaux de cuisine…
Il me semblait qu’une évidence me tendait les bras mais je ne parvenais pas à la saisir… elle restait inaccessible, comme bloquée derrière une barrière invisible de la conscience…

Puis le moment passa. L’impression partit comme elle était venue.

En essayant de rester sourd aux bruits des ébats qui s’éternisaient de l’autre côté de la cloison, j’ai trouvé un petit bout de papier, un crayon et sur ce morceau de lettre, j’ai écrit quelques mots avant de ressortir et de m’éloigner dans la nuit.

Lorsqu’elle se réveillerait, le lendemain, Margaux lirait :
« Mon amour, je ne reviendrai que lorsqu’ils seront partis.
Seras-tu là ? »

Un an plus tard…

« – Dis, Chéri, tu n’aurais pas vu mon portable, par hasard ? Je n’arrive plus à mettre la main dessus ! »
« – Non mon amour, désolé ! Mais on peut très bien s’en passer, tu sais. »

Bah ! Notre tranquillité valait bien ce petit mensonge : Je savais parfaitement bien où était son portable : Au fond de ma poche, en compagnie du mien… Mais il était hors de question que je me fasse avoir deux ans de suite !

Comme dit le proverbe : Chat échaudé…

A l’évocation de ce qui s’était passé un an plus tôt, je ne parvenais pas encore à éviter un certain pincement au cœur, même si le temps avait fait son œuvre et qu’il m’arrivait maintenant d’en sourire…

Lorsque j’étais revenu, ce matin là, je pensais que les trois gars étaient enfin partis puisque leur voiture avait disparu.
Je me suis vite approché de la maison, j’avais hâte de voir si Margaux était toujours là.

Las ! Margaux était bien là… mais pas toute seule.

En réalité, Fabien était seulement parti faire le plein de la voiture tandis que les deux autres étaient restés.

Ensuite, tout s’était passé très vite.
Il a suffit d’une phrase de trop.
Une ultime provocation qui avait tout fait basculer.
Une dernière vanne qui avait fait déborder une coupe déjà remplie à ras bord.

Théo n’a pas vu venir mon coup de boule. Je lui ai éclaté le pif.
Venu jouer les gros bras pour prêter main forte à son copain, Bastien s’est pris ma reprise de volée en plein dans les parties avant même d’avoir compris ce qui lui arrivait… Plus c’est gros, plus c’est facile à viser !

Margaux n’a pas capté. Entre le costaud qui braillait comme un putois égorgé et l’autre qui pissait le sang, elle a choisi de m’incendier. Pour elle, j’étais une brute, un idiot, un dégénéré…

Ce qu’il faut pas entendre !

Alors bien-sûr, j’ai riposté. Je ne pouvais pas être celui qui avait le mauvais rôle. Pas comme ça !
J’ai lâché ce que j’avais sur le cœur depuis plus de 24 heures. J’en ai même rajouté : Je l’ai traitée de tous les noms, de trainée, de salope, de putain… tous ces gentils petits mots qui nous viennent si facilement dans ces cas là et qui scellaient une rupture devenue inéluctable.

On aurait pu se foutre dessus mais non.
Après avoir braillé de plus en plus fort pendant un bref instant, on s’est tourné le dos. Je suis reparti d’où je venais, ruminer ma colère qui avait enfin trouvé manière à s’exprimer.

J’en voulais à Margaux.

Non pas de m’avoir trompé – enfin si mais ça, j’avais déjà commencé à m’y faire – mais surtout de ne m’avoir pas soutenu lors de cet ultime affrontement, de s’être rangée du côté des autres, des mauvais.

C’était ça le réel abandon. C’était ça la vraie trahison !

***

Quand je suis revenu, beaucoup plus tard, ils étaient définitivement partis.

Tous les quatre.

La maison était vide.

Pas un mot sur la table, pas même une insulte.
Rien pour formaliser trois ans de vie commune foutus en l’air en 36 heures.

Je me consolais en me disant qu’avec ce que je lui avais mis dans les valseuses, Bastien n’était pas près de rebaiser avec Margaux… ni avec aucune des petites espagnoles dont il rêvait tant.
Quant à Théo, il faudrait du temps et un bon chirurgien esthétique avant qu’on l’appelle à nouveau « beau gosse ».

Maigre et futile consolation… Mais qu’ils aillent tous se faire foutre !

***

Je suis resté plusieurs jours à me morfondre dans mon petit coin de paradis qui avait soudain perdu toute saveur.

Je trainais du matin au soir sans goût pour rien.

Je m’avançais lentement mais sûrement vers une gentille petite dépression lorsque je reçus une visite inattendue… qui vint à point nommé soigner mes bleus à l’âme… et au cœur…

« – Bon j’abandonne ! Je le trouverai plus tard… Alors, tu viens Chéri ! On se le fait ce petit marché dont tu m’as tant vanté les mérites ? »
« – J’arrive mon cœur, j’arrive ! »

Juste le temps de planquer discrètement les deux appareils…

Je suis sorti sur la terrasse et j’ai saisi la petite main tendue qui m’attendait.

« – Tu sais Lauriane, je crois que l’on va passer des vacances géniales ! »

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