***Jung-Hyun***
Son cœur battait, son visage était illuminé de lumière bleu. Elle tourna la tête dans la pièce obscure et vérifia d’un regard que la porte du bureau était bien fermée, puis elle se retourna vers l’écran.
Yeong-su serait au travail jusqu’au matin, Jin était couché et endormi depuis une bonne heure et demie.
Accroupie sur la chaise, emmitouflée dans un plaid, elle se concentra sur la barre de recherche.
Elle n’avait que rarement l’occasion de s’adonner à ses plaisirs secrets, il fallait donc en profiter. Surtout, brancher les écouteurs et baisser le son au minimum. Ensuite, taper ses mots-clés préférés dans la barre de recherche.
Elle hésitait, commença à taper quelques lettres qu’elle effaça. Elle trouvait gênant de devoir réfléchir à ce qu’elle voulait voir exactement. Et puis, il fallait rentrer ces mots obscènes sur l’ordinateur. Elle trouvait le un processus assez embarrassant, comme si la machine allait la juger.
« couple », « amateur », « doggy-style ».
Son cœur battait d’excitation. Son entre-jambe déjà excité commençait à s’humecter. Elle appuya sur enter.
Après une seconde de latence, un panel de vidéos s’afficha. Elle vérifia la porte à nouveau : toujours fermée. Jin n’avait plus l’habitude de se réveiller la nuit.
Jung-Hyun parcouru la page. Ses yeux s’arrêtèrent sur une vidéo : on y voyait un homme, grand, taillé en V, la main virilement posée sur les hanches d’une femme. Elle-même avait la tête baissée, à quatre pattes, cuisses écartées et le corps fiché dans le prolongement du haut des cuisses de l’homme. Son large cul cachait le bassin de l’occidental au cheveux bruns. Il arborait sur le visage une expression sauvage.
Elle cliqua sur la sélection, vérifia qu’aucun son ne sortait des haut-parleurs, et se planta les écouteurs dans le oreilles.
La vidéo se lança.
Elle porta la main entre ses cuisses. Elle caressa sa forêt pubienne un instant et senti ses doigts se mouiller.
Le clip démarrait sur une courte introduction sans intérêt ; la coréenne sauta le dialogue à la construction narrative bancale. Le couple s’embrassait maintenant fougueusement. Puis l’homme au regard ténébreux se retrouva en jeans, exhibant ses muscles saillants.
Jung-Hyun se caressa machinalement, la bouche à demi ouverte face à l’écran.
La femme à la chevelure blonde de poupée dézippa sa robe avec une aisance irréelle, qui tomba tout d’un coup à ses pieds. Elle était en lingerie fine et se léchait les lèvres d’un air suave.
Le couple se retrouva sur le lit. La femme, face à lui, se pencha vers l’homme à genou en défaisant sa ceinture pour la jeter au sol. Elle libéra le sexe occidental encore mou. Puis dans un sourire concupiscent elle approcha ses lèvres pour le sucer en lui malaxant les bourses. Jung-Hyun observa un moment le sexe s’ériger sous les lèvres de la jeune blonde, un doigt glissé entre les plis de sa fente tournoyant autour de son clitoris. Puis la tige ayant atteint sa complète et impressionnante tumescence, elle sauta le reste de la fellation.
Elle s’amusa d’un faux raccord : l’homme en érection portait à nouveau sa ceinture. Sans doute qu’ils n’avaient pas tout pu filmer en une séance, spécula-t-elle, la petite blonde avait dû trop bien faire son travail.
Quoi qu’il en fût l’homme portait son sexe droit et dur entre ses cuisses ; il retira son pantalon entièrement. Puis, avec une lenteur sensuelle il défit le soutien-gorge de la petite, dévoilant ses seins parfaitement symétriques. Il porta sa large bouche à son buste et lui lécha lascivement les tétons.
A ce passage, Jung-Hyun sentit ses mamelles se raidir immédiatement. Elle porta sa main gauche à ses seins qu’elle caressa langoureusement, accompagnant la langue de l’occidental sur la peau sensible de la blonde.
Puis il tira sur la culotte de la fille, qui exhiba son sexe de jeune femme parfaitement imberbe.
Elle se mit à quatre pattes sur le lit et l’homme en rut lui écarta les jambes. L’excitation de Jung-Hyun l’envahit. Le tube rigide de l’occidental tomba entre les fesses de la blonde. Il paraissait énorme comparé au bassin qui allait l’engloutir.
Un petit anus rose s’agitait devant la caméra. Le gland gonflé de sang glissa contre la fente puis empala lentement l’arrière de la fille. Jung-Hyun se reposa sur le dossier de la chaise et écarta les cuisses. Sa fente était prête.
Sur fond des complaintes jouissives de la blonde qui se faisait emboutir par l’homme ténébreux, elle posa la paume de sa main à plat contre ses lèvres bouillantes et affamées. Puis elle se massa par mouvement réguliers et circulaires alors que son autre main caressait toujours les auréoles dressées de ses seins.
***John***
Cela faisait près de seize ans que Jessica et John ne s’étaient pas rencontrés. C’était à Madison, pendant leurs études à l’université du Wisconsin. Elle était en Bachelor Relations Internationales et lui, suivait un cursus en génie civil et urbanisme. Tous les deux en programme d’échange bursa escort pour dix mois, elle arrivait de Corée et lui du Canada. Etudiante très sérieuse et appliquée, elle sortait peu. C’est pourtant au cours d’une soirée qu’ils ont d’abord fait connaissance, lorsque leurs deux groupes d’amis sont entrés en collision avant de fusionner pour le reste de l’année scolaire.
Six ans s’étaient écoulés depuis leurs derniers échanges sur les réseaux sociaux. Ces derniers échanges consistant en banalités du type « Joyeux Anniversaire ».
A un certain moment, John avait eu un crush pour Jessica. Il avait toujours trouvé les femmes asiatiques plus attirantes. Etait-ce ce qu’on appelle un fétiche? Il n’aurait pas vraiment su le dire.
Au-delà des beaux yeux en amandes et de sa mignonne petite bouille plate, il trouvait en elle une personnalité rayonnante. Elle était certes sérieuse, mais elle n’était pas rigide. Elle buvait volontiers à quelques relativement rares occasions. Loin de ses parents et du carcan de la société Coréenne, elle s’était même autorisé quelques petits excès. Rien de spectaculaire cependant, comparé à la moyenne des étudiants de leur groupe d’amis.
L’année s’était terminée, il ne s’était rien passé entre eux. Autant que John puisse s’en souvenir il ne lui avait d’ailleurs connu aucune relation intime, ni sexuelle ni platonique. Elle était chaste et pudique comme presque toutes les étudiantes arrivant d’Asie de manière générale.
Puis John avait fait sa vie, il avait eu de la chance. Juste après avoir fini ses études il avait été embauché dans une jeune entreprise qui deviendrait très vite la référence numéro une dans l’analyse des sols. Après avoir connu un succès national, la boîte fut rachetée par un grand groupe qui éjecta tous les membres de la direction. John n’en faisait pas partie, il échappa au couperet et fut promu à leur place. Dès lors, John prendrait en charge le suivi des chantiers internationaux, avec la paie et les déplacements qui allaient avec.
Il avait très tôt rencontré Louise, ils s’étaient aimés, ils se sont mariés. La même année ils avaient un enfant, quinze mois tard ils en avaient deux. Le reste suivit : le monospace, le pavillon, le chien, les promotions, la maison plus grande, le beau jardin, la piscine.
Niveau réussite, sa femme n’était pas en reste. Traductrice de formation, elle abandonna assez tôt son emploi – qu’elle n’aimait pas de toute manière – pour élever les enfants. Elle se remit à la peinture et fit de ce hobby une activité à temps complet. Elle travaillait beaucoup, elle était douée, elle avait su tisser un bon réseau. Elle commença à vendre ses toiles dont le chiffre sur l’étiquette se changerait au fil des années de dizaines en centaines, puis de centaines en milliers.
Malgré ce succès, l’absence de John pesait sur le couple. Louise lui reprochait d’avoir le beau rôle, celui du papa qui emmène les enfants jouer au hockey le weekend et qui n’est pas là lorsqu’il s’agit de les réprimander ou de gérer les crises hebdomadaires. C’était vrai, admettait-il, mais avait-on le choix?
Une amertume s’installa, s’enracinant silencieusement dans leur relation comme un champignon parasite. Après la première promotion de John il leur arrivait de ne faire l’amour qu’une fois par mois. Douze années plus tard ils ne le faisaient plus du tout.
Leur fortune insolente croissait cependant. Signe que la passion s’était éteinte, les petites attentions qui les remplissaient jadis de joie furent substituées par des cadeaux chers et inutiles. Les fleurs se changèrent en diamants et les modestes cravates en montres suisses. Les dîners de Saint-Valentin se déroulaient dans des deux étoiles, chacun en face de leur téléphone.
On ne se disputait plus non plus. Privées du brasier de l’amour leurs colères étaient froides comme leur foyer. Un soir on creva l’abcès. Ils décidèrent qu’il n’y avait plus rien à attendre l’un de l’autre et qu’il faudrait se séparer. Mais tout lassés qu’ils étaient d’eux-mêmes, ils n’en oubliaient pas leurs enfants. Ils décidèrent de ne divorcer qu’après leur départ pour l’université. En attendant on ferait comme si, même si cela devait prendre encore six bonnes années.
***Samedi***
C’est quatre mois après avoir pris cette grave décision que John fut envoyé pour la première fois à Gwangju, en Corée du Sud, pour le lancement d’un projet d’élargissement du réseau d’assainissement d’une localité environnante.
Son avion s’était posé à Incheon. Puis il avait pris le bus, puis un train pour se rendre à Gwangju où on lui avait réservé un logement pour la semaine. Les enfants étaient en weekend chez leur grands-parents et comme c’était dorénavant égal à Louise, il était parti un vendredi. Cela lui laisserait deux nuits pour se reposer du décalage horaire et visiter la ville.
Le samedi soir, il arrivait enfin à la résidence. Sa montre indiquait six heures du matin, le soleil se couchait. L’appartement qu’on lui avait trouvé était relativement spacieux. Il s’agissait d’un bursa escort bayan deux pièces composé d’une chambre, une salle d’eau et d’une pièce de vie faisant à la fois office de salon, salle à manger et cuisine. Caché derrière un long rideau, une porte-fenêtre côté salon donnait sur un étroit balcon. John écarta les pans de tissus afin d’admirer la vue, bien dégagée depuis le 23ème étage.
A ses pieds s’étendait la métropole entourée de montagnes entre lesquelles disparaissait le soleil. La ville tout autour était lentement avalée par la nuit et les rues rectilignes s’illuminaient de réverbères et d’enseignes publicitaires. Les massifs rectangles de béton gris, si laids de jour, devenaient par enchantement de magnifiques quadrillages colorés dont chaque case était une indiscrète lucarne sur la vie des habitants de Gwangju. Il n’y avait pas de plus belle vue pour un amateur d’urbanisme. Il prit une photo qu’il publia sur Facebook. Puis il ouvrit sa valise, sorti quelques affaires et parti prendre une douche.
A son retour il faisait maintenant entièrement noir. Par la fenêtre il ne voyait plus rien que son propre reflet, seul, assit sur le canapé. Sa vingtaine était partie comme une fusée, sa trentaine presqu’entièrement consommée. Les innombrables heures de vol se lisaient à présent sur son visage.
Le silence enveloppait la pièce. Louise ne lui manquait pas et pourtant la solitude le travaillait. Il n’avait même pas songé à lui envoyer un message depuis son arrivée. Elle ne s’inquiétait plus depuis longtemps. Cependant il regarda son téléphone qui était posé sur la table. Il avait reçu une notification. C’était un commentaire laissé sous la photo qu’il avait posté tout à l’heure.
« Tu es à Gwangju? » lui demandait Jung-Hyun.
Il se demanda d’abord de qui il s’agissait. Il vérifia son profil. Il lui fallut un petit moment de réflexion pour comprendre qu’il s’agissait de Jessica qui avait repris son véritable nom.
Elle était devenue une femme accomplie. Il reconnut son visage doux aux larges pommettes plates typique des femmes d’Asie du Nord. Ses yeux en amandes et son large sourire étaient restés les mêmes. Le temps ne lui avait pas volé sa grâce et sa beauté, se dit-il avec nostalgie.
Elle avait eu un enfant, un garçon de six ou sept ans qui occupait la quasi-totalité des photos qu’elle partageait. Il vit aussi qu’elle était mariée, qu’elle avait l’air heureuse.
Il soupira. Elle avait donc une belle vie, elle avait fait son chemin. Le destin de Jessica, ou plutôt de Jung-Hyun, se nouait alors que le sien se délitait.
Il resta un moment devant une photo vieille de huit ans qui devait dater de son mariage. Peu après leur retour dans leurs pays natals, une fois le programme d’échange terminé, les deux étudiants étaient restés en contact quelques années. Ils avaient été en quelque sorte confidents pendant un an et demi. Il lui avait parlé de Louise, qu’ils allaient se marier. Puis après le mariage, ils s’étaient perdus de vue. Des épousailles de Jung-Hyun, John n’en avait rien su. Elle ne lui avait rien dit, à cette époque ils n’étaient plus en confidence depuis longtemps.
Il se demanda s’il fallait ignorer ce message. Le souvenir de Jessica lui laissait le goût doux amer d’avoir raté sa vie. Mais elle avait fait l’effort de le recontacter, alors il lui envoya une réponse.
« Oui, je suis à Gwangju pour la semaine. Comment vas-tu? »
Cela lui paraissait assez neutre. Il ne savait pas trop dans quelle disposition elle était. Sans doute qu’elle se contenterai des politesses d’usage, puis elle s’en retournerait à son mari aimant et à son adorable fils. Mais presqu’aussitôt, son téléphone vibra.
« C’est génial! J’habite à côté. Il faut qu’on se voie, je te ferai visiter la ville! »
Il fut étonné par l’enthousiasme de Jessica. Ils discutèrent. En quelques lignes il lui résuma le contenu des quinze dernières années, essayant de ne pas en faire un récit trop déprimant. Cela avait l’air de l’intéresser. Elle lisait assidument, réagissait comme elle le faisait lorsqu’ils étaient encore étudiants. Elle sembla touchée et désolée que son mariage n’ait pas fonctionné.
Elle parcourait probablement ses photos de profil car elle s’étonna qu’il portât une courte barbe.
« Tu trouves que ça me va bien? » demanda John.
« Oui ça te va » écrit-elle avant d’ajouter : « C’est pas trop mon truc, les barbes ».
Il parlait de lui depuis une heure environs, et lui demanda enfin de quoi sa vie était faite. Mais Jung-Hyun, malgré les tentatives de John, esquiva ses questions. Elle lui proposa de se rencontrer dans un café le lendemain, ce que John accepta.
***Dimanche***
Elle avait choisi un café situé non loin de sa résidence. C’était un lieu qu’elle ne connaissait pas, et où elle était quasi certaine de ne pas croiser de connaissances. Il faisait gris ce jour-là, la pluie tombante par intermittence lui fit presser le pas. A quinze heures pile elle poussait la porte de l’établissement.
Il était déjà là, escort bursa attablé dos à l’entrée. Elle le reconnu tout de suite. Non pas parce qu’il était le seul occidental des environs, mais il avait toujours sa même silhouette massive, ses grandes épaules et ses cheveux châtain clair touffus. Sa coupe serrée sur les côtés, un peu hirsute sur le dessus n’avait d’ailleurs pas changée. Son coude était appuyé sur la table. Dans le prolongement de son avant-bras sa tête reposait sur son poing fermé. De son autre main il tournait une cuillère dans une tasse de café noir fumante.
Un groupe de lycéennes observait le canadien en gloussant, curieuses, depuis leur table au fond de la pièce. Au bar, des hommes en costume parlant bas le désignait de temps en temps du nez.
Il était malgré lui et sans le savoir le centre d’attention de tous les occupants du café. Sa posture immobile baigné dans la lumière grise et diffuse de ce jour de mi-octobre dégageait une impression de concentration mélancolique. Elle marcha vers lui.
Il ne sorti de sa torpeur que lorsqu’elle s’assit, ou plutôt se laissa tomber sur la banquette qui lui faisait face.
Il releva la tête. Ils se regardèrent sans dire un mot pendant quelques secondes. Elle contenait mal l’excitation de le revoir et esquissait un petit sourire pincé, tandis que sa joie sincère se lisait dans ses yeux.
La vue de son visage sembla chasser la tristesse de l’esprit de John. Elle avait les mêmes traits. Sa bouille large rayonnait la même infaillible gaité. Le temps n’avait pas semblé s’écouler pour elle. Mis à part quelques taches sur ses grandes pommettes, elle était toujours aussi fraiche et juvénile que lorsqu’ils s’étaient quittés.
—Jessica, tu n’as absolument pas changé, lui dit-il avec admiration.
—Et toi non plus, John.
Au son de la voix de l’homme elle n’avait pu retenir ses lèvres qui s’ouvrirent d’elles-mêmes dans un immense sourire, dévoilant ses dents blanches un peu inégales.
—Tu n’as plus ta barbe? Remarqua-t-elle.
Il sourit.
Ils parlèrent d’abord des lieux touristiques autour de Gwangju. Puis ils parlèrent de leur vie de manière générale. Elle avait d’abord cru retrouver un John triste et morose plongé dans l’échec de son mariage. Elle le trouva au contraire résolu et décidé, qualité qu’elle avait toujours admirée chez lui. Quand il avait compris que ça ne fonctionnerait plus il n’avait pas hésité à rompre, même si le divorce devrait prendre encore du temps. Elle aimait les hommes déterminés.
Une question lui brûlait les lèvres :
—Tu vas chercher une nouvelle femme? dit-elle sans prendre de gants.
Il hésitait, il ne savait pas.
La serveuse s’arrêta à leur table pour déposer le café commandé par Jung-Hyun. La jeune employée dans sa fraiche vingtaine semblait très troublée par la présence du grand canadien, lui jetant des regards à la fois craintifs et attentionnés.
—Au moins ici tu n’aurais pas de souci pour en trouver une, fit Jung-Hyun avec un sourire taquin.
Elle pointa du nez la serveuse après qu’elle leur tourna le dos.
Celle-ci jetait par-dessus son épaule des regards qui traduisait son émoi. John se retourna sur sa chaise, leurs yeux ses croisèrent. La jeune femme fluette sous son tablier, toute rouge d’embarras, disparu derrière une porte d’où émanaient les rires étouffés de ses collègues.
—Elle a sans doute peur de ne rien comprendre quand je lui parle.
Jung-Hyun réprima un petit rire.
—Elle te trouve mignon. Ici beaucoup de femmes aiment les occidentaux.
Ça ne lui avait jamais vraiment traversé l’esprit. Existait-il chez certaines femmes un sentiment réciproque à son attirance pour les visages asiatiques?
—Et toi tu en penses quoi, des occidentaux?
Elle rougit, baissa les yeux vers sa tasse avec un sourire contenu.
—Ils ne sont pas tous attirants, mais certains… Sont très beaux.
Ils discutaient en anglais et il y avait peu de chances que quiconque ne les écoutes, cependant elle parlait tout bas. Elle releva les pupilles brusquement.
—Je peux te passer le numéro de quelques collègues célibataires si ça peut te rendre service, fit-elle en riant.
Puis ses yeux se posèrent sur l’alliance que John portait toujours à l’annulaire. Elle se racla la gorge.
Ils changèrent de sujet.
John se remit à la questionner sur elle. Elle vivait dans un appartement en banlieue de Gwangju. Elle travaillait au service relation clientèle dans une société qui exportait des pièces d’appareils électro-ménagers. Son mari occupait un poste de responsable au sein de la société de gestion du réseau des transports publiques de la ville. Il rentrait souvent tard, avec des horaires décalés et travaillait généralement le weekend.
A force de questions il finit par comprendre que c’étaient les parents de Jung-Hyun qui lui avait déniché ce bon parti, voyant que leur fille ne leur présentait toujours pas de prétendant alors que sa vingtaine s’acheminait doucement vers la fin. Elle n’employait pas la formule mariage arrangé, mais c’était tout de même le cas.
Le beau-père était un homme effacé, presqu’inexistant en contraste avec sa belle-mère. Cette femme forte et énergique l’avait aimée comme son propre enfant au début.